Roseau commun (photo de Wikimedia Commons)
Roseau commun
Le roseau commun est une graminée vivace pouvant atteindre jusqu’à 5 mètres de hauteur. Il pousse dans des milieux humides et est souvent abondant dans les fossés au bord des routes.
Espèce indigène d'Europe et d’Asie, le roseau commun a éventuellement envahi de nombreux milieux humides de l’est de l’Amérique du Nord. Cette espèce peut supplanter la végétation indigène des milieux humides et constitue une menace grave pour la biodiversité.
À quoi ressemble cette espèce?
Cette plante est identifiable par ses longues tiges aux feuilles bleu-vert d’une largeur de plus de 1 centimètre. Celles-ci poussent dans des gaines adhérant à ses tiges. Les fleurs, qui apparaissent à la fin de l’été, forment des grappes denses.
Croissance de cette espèce?
Une fois introduit dans un milieu naturel, le roseau commun se multiplie par ses racines qui se propagent dans toutes les directions et qui forment un abondant réseau de rhizomes. Ses graines, facilement propagées par le vent, lui permettent d’envahir encore plus d’habitats.
Où vit cette espèce?
Le roseau commun pousse dans les milieux humides des régions tropicales et tempérées. Bien qu'il favorise les milieux humides, il peut s'en éloigner et croître dans des habitats plus secs, comme des plages et des dunes.
Quelle menace représente cette espèce?
Les peuplements denses de roseaux communs étouffent la végétation indigène, appauvrissent les habitats fauniques et perturbent les fonctions naturelles des zones humides. Aussi, les tiges mortes des années précédentes augmentent les risques d’incendie. Les populations de cette espèce sont si compactes que certains animaux, comme les tortues, ne peuvent plus utiliser certains milieux humides. Des oiseaux peuvent nicher dans un massif de roseaux communs, mais cette plante ne constitue pas un habitat idéal, car elles n'accueillent pas suffisamment d’insectes pour permettre aux oiseaux de nourrir leur progéniture.
Que fait CNC pour combattre cet envahisseur?
Dans le sud-ouest de l’Ontario, Conservation de la nature Canada (CNC) travaille activement à combattre cette espèce sur plusieurs sites dont il assure la conservation. L’éradication de la plante est difficile, surtout à cause de ses racines très profondes, et le processus nécessite plusieurs étapes :
- Dans certains cas, les matières végétales mortes sont brûlées durant l’hiver ou au tout début du printemps pour être éliminées et pour détruire une partie des graines. Procéder ainsi ne nuira pas vraiment à la plante, mais facilitera beaucoup le travail, tout en réduisant la quantité d’herbicide requis. Une autre méthode consiste à brûler la plante pendant plusieurs saisons d’affilée.
- Tout au long de l’été, la plante poussera à partir de ses imposantes racines pour être par la suite arrosée d’herbicide au début de l’automne. Cette méthode détruit les racines et empêche la plante de repousser l’année suivante.
À Middle Point, sur l’île Pelée, le personnel de CNC a éradiqué une population de roseau commun qui s’étendait sur 800 mètres. La zone dégagée abrite désormais au moins 20 espèces de plantes indigènes, et le personnel y a également aperçu des tortues serpentines, des couleuvres d’eau du lac Érié et des couleuvres fauves de l’Est (toutes des espèces en péril) qui utilisaient ce milieu. Le succès de ce projet est aussi mis en évidence par l’établissement naturel de la ketmie des marais, notre hibiscus indigène. Cette espèce en péril possède de grandes et magnifiques fleurs roses.
Au Québec, CNC a entrepris la tâche colossale de lutter contre les phragmites dans les marais supérieurs de l'île aux Grues, sur le fleuve Saint-Laurent, à 80 kilomètres en aval de la ville de Québec. Compte tenu de la fragilité du site, CNC a dû faire preuve d'inventivité dans la lutte contre les espèces envahissantes et les méthodes d'éradication là où les contrôles chimiques sont interdits. Un projet d'envergure a été lancé en 2019 en combinant fauchage et bâchage, sur une superficie totale de 4 hectares. Dans les prochaines années, les colonies de roseaux communs feront l'objet d'un suivi et d'un entretien régulier; les bâches seront retirées en 2025. Le site sera ensuite revégétalisé avec des espèces indigènes afin de restaurer la riche biodiversité des marais supérieurs.
Que pouvez-vous faire?
Nous pouvons tous contribuer à éradiquer les espèces exotiques envahissantes. Voici quelques mesures simples :
- Il est recommandé d’obtenir l’aide de professionnels. La méthode la plus efficace se déroule en trois étapes, soit l’arrosage d’herbicides, le fauchage et le brûlage contrôlé, à répéter pendant trois ans ou jusqu’à l’éradication de la population. Cliquez ici pour lire les pratiques exemplaires de gestion du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario.
- Se débarrasser adéquatement de ses résidus de jardin. Leur rejet dans la nature peut y introduire des espèces exotiques envahissantes qui vont ensuite y prospérer et se répandre. Même les tas de feuilles mortes peuvent poser problème, car ils peuvent étouffer la végétation indigène. Communiquez avec votre municipalité pour savoir comment vous débarrasser adéquatement de vos résidus de jardin.
- Plantez des espèces indigènes! Bon nombre d'entre elles sont tout simplement magnifiques, en plus d'attirer papillons et oiseaux indigènes, ce qui contribue à embellir votre jardin. Les espèces indigènes sont également mieux adaptées à notre climat et requièrent souvent moins de soins que les espèces exotiques.
- Signalez la présence de plantes envahissantes au conseil de gestion environnementale de votre région. La détection précoce est essentielle à l'éradication de ces plantes.
- Nettoyez vos chaussures ou les pneus de votre vélo avant de circuler dans les sentiers de différentes aires protégées. Les plantes envahissantes se répandent souvent accidentellement à partir de graines collées aux semelles ou au caoutchouc des pneus.