La forêt-parc et la savane à chênes de Garry
Chênes de Garry, réserve de chênes de Garry de Cowichan, Colombie-Britannique (photo de Tim Ennis, CNC)
La magnifique vallée de Cowichan inspire à la plupart de ses visiteurs l’envie d’y revenir, de retrouver ses espaces ouverts et ses collines boisées. Les amateurs d’ornithologie, tout comme les environnementalistes, sont ravis de savoir que parmi les visiteurs qui y sont revenus cette année se trouvent trois merlebleus de l’Ouest. Ils sont les premiers individus de l’espèce à migrer par eux-mêmes dans la vallée depuis les années 1990.
Deux de ces oiseaux ont été amenés dans la réserve de chênes de Garry de Cowichan en 2012, alors qu’ils étaient encore juvéniles, tandis que le troisième est né sur la propriété. Ils ont tous les trois migré vers le sud pour l’hiver et nul ne savait quand ils reviendraient ni même s’ils allaient revenir.
La présence de ces oiseaux fait partie de l’initiative Bring Back the Bluebirds, un projet impliquant plusieurs partenaires et visant le rétablissement d’une population autosuffisante de merlebleus de l’Ouest au sud de l’île de Vancouver et dans les îles Gulf. Cette réintroduction de l’espèce n’aurait pu être possible sans les efforts de gestion et de restauration déployés par Conservation de la nature Canada (CNC) dans l’habitat extrêmement rare que constitue la réserve de chênes de Garry de Cowichan.
L’importance écologique
L’habitat du chêne de Garry est composé de zones dégagées rocailleuses, de prairies, de peuplements de sapins Douglas et de terrains boisés. Les forêts-parcs sont des aires comprenant de 10 à 20 pour cent de couvert forestier, alors que les savanes consistent en des prairies parsemées d’arbres et comportant environ 10 pour cent de couvert forestier.
Le climat sec et la végétation de cet habitat produisent un riche sol de terre noire, qui favorise la croissance de nombreuses espèces de plantes et d’arbres rares comme le chêne de Garry.
Ce dernier est d’ailleurs la seule espèce de chêne qui soit indigène à la Colombie-Britannique. Sa répartition se limite à une région très étroite d’ombre pluviométrique, laquelle engendre un climat subméditerranéen. Cette bande s’étend le long de la côte est de l’île de Vancouver, traverse les îles Gulf au sud de la Colombie-Britannique, et descend vers le sud jusqu’à la vallée San Joaquin en Californie.
Les glands du chêne de Garry constituent une importante source de nourriture pour les cerfs à queue noire, les pigeons à queue barrée, les geais de Steller et d’autres espèces. Également, la chenille d’un papillon menacé, l’hespérie propertius, se nourrit exclusivement des feuilles de ce chêne.
Le tronc et les branches maîtresses du chêne de Garry sont presque toujours couverts d’épaisses touffes de mousse, ce qui procure un habitat à de nombreuses espèces d’insectes. Ceux-ci servent à leur tour de nourriture à une grande variété d’oiseaux, comme le grimpereau brun et la sittelle à poitrine rousse.
Les chênes de Garry laissent parfois tomber de grosses branches, exposant alors des parties de leur tronc ayant commencé à pourrir. Celles-ci sont rapidement adoptées comme abri par les pics et les oiseaux chanteurs cavicoles.
Les espèces
Chacune des communautés végétales comportant des chênes de Garry est considérée comme « gravement en péril » en Colombie-Britannique (COSEPAC).
En tout, plus de 100 espèces associées aux habitats du chêne de Garry sont classées comme menacées, en voie de disparition, disparues du pays ou disparues. La majorité des espèces qui sont en voie d’extinction ou menacées sont des plantes, ainsi que certains papillons.
Elles comprennent, notamment :
- la violette de Nuttall;
- le tritéléia de Howell;
- la balsamorhize à feuilles deltoïdes;
- le damier de Taylor;
- la fritillaire chocolat.
La plupart des espèces disparues du Canada (disparues localement) sont des oiseaux des praires nichant dans les cavités des arbres, comme :
- le merlebleu de l’Ouest;
- le pic de Lewis;
- le pic glandivore;
- l’alouette hausse-col strigata.
Les menaces écologiques
Aujourd’hui, au Canada, il reste moins de un pour cent de l’habitat du chêne de Garry en basse altitude et environ cinq pour cent de son habitat en hautes terres. Cela fait de l’écosystème du chêne de Garry l’un des plus fragiles au Canada.
La conversion du territoire en terres agricoles ainsi que le développement urbain et résidentiel sont les principales causes de la disparition des habitats du chêne de Garry. L’expansion des zones résidentielles qui empiètent de plus en plus sur le territoire continue de poser une menace à cet écosystème fragile, de même que l’apparition d’insectes ravageurs comme les cynipides et le phylloxéra du chêne.
Que fait CNC pour protéger cet habitat?
La réserve de chênes de Garry de Cowichan, propriété de CNC, constitue l’un des derniers et des plus beaux exemples restants dans le monde de l’écosystème du chêne de Garry et de la biodiversité qui lui est associée. La réserve protège des espèces remarquables de papillons et de plantes rares, qui ont suscité l’attention de chercheurs de partout en Amérique du Nord.
Pour en savoir davantage à propos de la réserve de chênes de Garry de Cowichan >
CNC a également permis la conservation du boisé de Chase Woods, une propriété de 40 hectares (100 acres) qui abrite plusieurs types d’habitats et d’espèces rares, y compris la communauté végétale de chêne de Garry, écosystème en péril à l’échelle mondiale.
Un partenariat naturel
Le programme Forêts TD contribue à la protection des forêts partout au Canada.