Beauté fragile

Lupin soyeux (Photo de Leta Pezderic/CNC)

La richesse et la diversité des espèces végétales des milieux de prairies risquent de disparaître

Les milieux de prairies sont des écosystèmes exceptionnels. Ceux plus spécifiquement situés dans les Prairies canadiennes (Alberta, Saskatchewan, Manitoba) abritent des dizaines d’espèces en péril. La chevêche des terriers (une chouette), le tétras des armoises (un oiseau) et le renard véloce, sont des animaux emblématiques de cette région du pays, tout comme le sont plusieurs végétaux aussi magnifiques que fascinants.

Platanthère blanchâtre de l’Ouest (Illustration de Jacqui Oakley)

Les étendues de prairies sont de nature variée : dunes, badlands et milieux humides entrecoupent des zones herbeuses, et chacun de ces écosystèmes crée son microhabitat. Ces milieux sont peuplés de centaines d’espèces végétales, ce qui inclut des mousses, des plantes herbacées et des arbustes.

Toutes ces espèces incarnent l’incroyable diversité de la vie végétale qui tapisse les Prairies canadiennes, et ce, des prairies à fétuques des contreforts de l’Alberta aux prairies à herbes hautes du Manitoba, en passant par les prairies mixtes de la Saskatchewan. Cette diversité peut être évidente, comme là où les lupins, balsamorhizes et castilléjies en fleurs colorent les contreforts de violet, de jaune et de rouge. Ailleurs, il faut une loupe et un oeil de lynx pour discerner les espèces.

Rares ou non, ces végétaux procurent tous des bienfaits aux humains comme aux écosystèmes. Par exemple, de nombreuses plantes à fleurs nourrissent les pollinisateurs, tandis que d’autres fertilisent le sol en convertissant l’azote présent dans l’air pour qu’il profite à d’autres espèces.

Certaines espèces végétales des prairies sont toutefois en péril. Quelques-unes sont « naturellement » rares ou ont une aire de répartition restreinte. D’autres voient leur population dépérir alors que disparaissent de plus en plus de milieux de prairies ou qu’ils sont envahis par des espèces non indigènes (ou exotiques).

Voici quelques-unes des espèces végétales en péril que vous contribuez à protéger en conservant les Prairies du Canada. Tout comme nous, ces plantes vous remercient!

Platanthère blanchâtre de l’Ouest

Lorsqu’on pense aux orchidées, on ne peut qu’imaginer une fleur splendide. La platanthère blanchâtre de l’Ouest n’y fait pas exception. Cette magnifique plante à fleurs blanches des prairies à herbes hautes du Manitoba pousse dans les sols riches en calcium de prés et de prairies humides. Au Manitoba, les populations de cette espèce en voie de disparition, soit la moitié de ses populations mondiales, se trouvent à occuper l’extrémité nord de son aire de répartition. Cette plante vivace, qui peut atteindre 40 à 90 centimètres de haut, atteint son apogée, de la fin juin à la mi-juillet.

Haut en bas : Cryptanthe minuscule, iris du Missouri, tradescantie de l’Ouest et yucca glauque (Illustration de Jacqui Oakley)

Cryptanthe minuscule

Nichée dans les vallées fluviales du sud-est de l’Alberta et du sud-ouest de la Saskatchewan, cette petite plante aux poils rigides produit de minuscules fleurs blanches au centre jaune. Au Canada, les populations de cette espèce menacée sont isolées de ses autres populations; la plus proche se situant au Montana (É.-U.), soit à environ 200`kilomètres plus au sud. Prospérant dans les dunes et les hautes terres sablonneuses, la cryptanthe minuscule est menacée par la dégradation et la perte de son habitat.

Iris du Missouri

L’iris du Missouri est une espèce indigène trouvée en Alberta et désignée comme préoccupante par le gouvernement fédéral. Ses feuilles sont en forme de glaive et ses tiges sont couronnées de deux à quatre fleurs aux teintes variant du bleu pâle au bleu nuit. Cet iris pousse le plus souvent dans la zone de transition entre les milieux de prairies et les habitats riverains. L’iris du Missouri est principalement menacé par la compétition que lui livrent les espèces envahissantes.

Tradescantie de l'Ouest

Cette plante menacée croît sur les crêtes dunaires, généralement sur les plus escarpées et orientées au sud. Sa présence a été observée sur une poignée de sites dans le sud-est de l’Alberta, le sud de la Saskatchewan et le sud-ouest du Manitoba. La tradescantie de l’Ouest fleurit de mai à juillet, et chacune de ses splendides fleurs bleu-violet ne vit qu’une seule journée. Restez à l’affût, car cligner des yeux pourrait vous faire rater sa floraison! Cette plante est principalement pollinisée par des halictes (types d’insectes ailés).

Yucca glauque

Le yucca est une plante menacée qui peuple les ravins (coulee) du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan. Ses feuilles raides et pointues arborent des grappes de fleurs d’un blanc crème qui émergent d’une tige pouvant atteindre 1 mètre de haut. Le yucca glauque soutient plusieurs espèces de papillons nocturnes dites spécialistes (c.-à-d. aux besoins très précis en termes d’habitat) et qui sont en voie de disparition au Canada.

Cypripède blanc

Cypripède blanc (Illustration de Jacqui Oakley)

Niché dans les prairies à herbes hautes et les prairies mixtes du Manitoba, le cypripède blanc (une orchidée) croît généralement dans des zones touchées par des perturbations naturelles, comme les feux de forêt, le broutage léger et la fauche. Sans ces perturbations, la végétation haute et les plantes ligneuses supplanteraient cette minuscule plante. Le cypripède blanc doit son nom anglais small white lady’s-slipper à sa fleur en forme de chausson, qui s’épanouit de mai à juin.

Oxytrope patte-de-lièvre

Oxytrope patte-de-lièvre (Illustration de Jacqui Oakley)

Membre de la famille des légumineuses, cette espèce menacée croît dans les prairies à fétuques du sud de l’Alberta. C’est l’extérieur duveteux de sa fleur, qui rappelle à certains une patte de lièvre, qui lui a donné son nom. Cette plante à fleurs violettes, qui pousse près du sol, est menacée par la perte d’habitat et la compétition que lui livrent les espèces envahissantes, en particulier l’agropyre à crête (une graminée).

Cet article est tiré du numéro Été 2023 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.