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Lumières dansantes

Aurore boréale (Photo de Esme Batten/CNC)

Aurore boréale (Photo de Esme Batten/CNC)

Par Esme Batten, directrice des programmes à CNC pour le Centre-Ouest de l’Ontario

Avant, quand on me parlait d’aurores boréales, je m’imaginais les observer un jour dans le Nord du Canada ou dans un autre pays comme l’Islande ou la Finlande. Je n’aurais jamais cru avoir le privilège de les voir de chez moi, sur la péninsule Saugeen Bruce, dans le sud de l’Ontario.

Les chatoyantes aurores boréales de l’hémisphère Nord, tout comme les aurores australes de l’hémisphère Sud, sont causées par l’activité qui se déroule à la surface du Soleil.

Pendant un type de tempête solaire, appelé éjections de masse coronale (EMC), des particules et des gaz chargés électriquement sont projetés dans l’espace. C’est au moment où ces particules pénètrent le champ magnétique de la Terre, habituellement trois jours après l’EMC, que les aurores sont visibles. Étant donné la forme du champ magnétique de notre planète (ou magnétosphère), certaines des particules chargées qui le traversent sont dirigées vers les pôles le long des lignes du champ magnétique. C'est pourquoi nous voyons souvent des lumières aux pôles, c'est-à-dire là où ces particules chargées pénètrent l'atmosphère.

Puisque l’intensité du champ magnétique terrestre diminue aux pôles, ces lueurs célestes sont généralement visibles à de hautes latitudes, donc en régions nordiques au Canada. Lors de tempêtes solaires particulièrement intenses, il est parfois possible de les voir à de plus basses latitudes.

Quand les particules chargées interagissent avec les gaz atmosphériques, elles produisent des lueurs de différentes couleurs dans le ciel, selon l’altitude à laquelle elles heurtent l’atmosphère. À faible altitude, elles produisent des lueurs vertes, tandis qu’à haute altitude, ces lueurs sont rouges. Le contact entre les particules et l’azote à faible altitude produit des lueurs roses ou rouges alors qu’une collision avec l’hydrogène et l’hélium engendre des lueurs bleues et violettes.

À la fin mars, je consultais les prévisions de la National Oceanic and Atmospheric Administration pour savoir si j’aurais la chance de voir des aurores à partir de chez moi. Depuis mon coup de foudre avec l’astrophotographie en 2019, ces prévisions m’ont plusieurs fois donné la chance de photographier le mouvement d’aurores à l’horizon. Cette fois, les tempêtes annoncées allaient être intenses; du jamais vu pour moi!

Ce soir-là, en revenant à la maison, j’ai commencé à distinguer des aurores juste avant que le ciel s’assombrisse complètement. Mon excitation commençait à grimper! Je me suis empressée de saisir mon matériel photographique et d’enfiler des vêtements chauds avant de repasser la porte en courant. Je rêvais de photographier les étoiles depuis une grotte située au bord de la baie Georgienne, et je savais que c’était aussi là que je devais photographier les aurores.

Une fois sur place, j’ai marché rapidement jusqu’au rivage en empruntant le sentier Bruce et en évitant les plaques de glace, sous la lumière de ma lampe frontale. Une fois arrivée à la grotte, j’ai éteint ma lampe et pris le temps de fermer les yeux pour qu’ils s’ajustent à l’obscurité. Quand je les ai rouverts, ce que j’ai vu était incroyable. Les aurores dansaient partout autour et au-dessus de moi, d’un vert vif rarement visible aussi loin au sud. Elles sont habituellement de discrètes barres grises ondulant à l’horizon et dont les couleurs ne peuvent être captées qu’avec un appareil photo après une longue exposition.

Mon enthousiasme était tel que je riais de manière hystérique en plaçant mon appareil, éblouie par la beauté de la nature. Une amie m’a rejointe et nous sommes restées assises là des heures, levant souvent les yeux sans dire un mot. Lorsque je me suis finalement mise au lit vers 4 h du matin, les lueurs dansaient toujours. Ce moment me paraît encore irréel.

Il est probable que l'activité solaire augmente et que les tempêtes solaires soient plus fréquentes et plus intenses jusqu'au milieu de 2025, ce qui signifie que les aurores deviendront plus fréquentes. Gardez les yeux tournés vers le Nord dans les mois à venir; avec un peu de chance, vous aurez l'occasion d'admirer la majesté des aurores boréales.

Cet article est tiré du numéro Été 2023 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.

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