Lettre d’amour à la montagne
Randonnée lors d'une journée relativement chaude d'hiver (Photo de Gayle Roodman/CNC)
Par Gayle Roodman, directrice des services éditoriaux à CNC
Chère montagne,
Tu ne me connais pas personnellement, mais tu pourrais sans doute reconnaître mes traces. Je te parcours en ski, à pied, en raquettes et à vélo depuis plusieurs décennies. Vois-tu, chère montagne, tu as changé le cours de ma vie.
Quand j’ai terminé mes études secondaires en Ontario, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire de ma vie. Dès l’obtention de mon diplôme, j’ai pris le train vers le lac Louise, en Alberta, pour y travailler le temps d’un été. Je me souviendrai toujours de ma réaction en apercevant les Rocheuses pour la première fois. J’étais ébahie. En voyant de mes propres yeux tes cimes grises et tes glaciers d’un blanc bleuté, je suis restée bouche bée. Entre mes quarts de travail, je passais la plupart de mon temps libre à explorer tes reliefs. J’ai même suivi des cours d’alpinisme pour me rapprocher de toi.
L’hiver, je retournais travailler à Ottawa. J’ai fait l’aller-retour pendant quelques années, jusqu’à ce que ton appel devienne trop insistant pour être ignoré. Je ne pouvais plus vivre sans toi, alors j’ai déménagé dans l’Ouest.
Nouvelle dans la région, j’ai intégré des clubs de plein air regroupant des personnes aux intérêts communs. Sur tes sentiers sont nées des amitiés qui perdurent encore aujourd’hui. Tu m’as aussi ouvert un monde de possibilités. J’ai sillonné les Adirondacks, l’Himalaya, les monts Tatras et les Andes. Chacune de tes chaînes cousines est unique en son genre, mais, peu importe l’emplacement géographique, vous avez en commun le pouvoir de me mettre de bonne humeur, de me ressourcer, de repousser mes limites et de renforcer mon lien avec le monde naturel.
Toutefois, belle montagne, tu n’as pas la vie facile. Tu offres beaucoup, notamment de l’air pur, de l’eau, un espace de loisirs, un refuge pour la faune et la flore et des bienfaits spirituels. Pourtant, il m’arrive d’oublier que malgré ta force imposante, tu demeures vulnérable au développement et aux effets des changements climatiques.
Pour te remercier de tout ce que tu m’as donné, voici ce que je te promets : tes paysages ne seront jamais qu’un simple fond d’écran à mes yeux; je ne cesserai de m’étonner de la lumière dansante sur tes crêtes; je maintiendrai fermement ma croyance que tu es tout aussi jolie enneigée qu’impressionnante sans ce voile blanc; je continuerai d’aller à ta rencontre quand j’aurai besoin de me vider l’esprit et d’accélérer mon rythme cardiaque; je respecterai tes changements d’humeurs et de météo; j’honorerai la présence des animaux que tu héberges; je n’oublierai jamais qu’il s’agit d’un privilège de s’émerveiller devant tes paysages; puis, je ferai de mon mieux pour que les autres te traitent avec la bienveillance et le respect dont tu es digne.
Merci et continue ton excellent travail!
Cet article est tiré du numéro Été 2022 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.