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Antilopes d'Amérique (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Antilopes d'Amérique (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Maintenir la connectivité des milieux de prairies pour l’antilope d’Amérique

Comment CNC réduit les obstacles nuisant aux déplacements de l’espèce
Antilope d'Amérique (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Antilope d'Amérique (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Si nous voulons assurer la survie de l’antilope d’Amérique, elle doit pouvoir se déplacer librement.

L’antilope d’Amérique est une espèce unique, fascinante et emblématique des milieux de prairies des Grandes Plaines d’Amérique du Nord. Bien qu’elle ressemble à une antilope et qu’on l’appelle communément ainsi, elle s'apparente plus étroitement à la girafe et à l’okapi. Ce mammifère terrestre, qui est reconnu comme étant le plus rapide d’Amérique du Nord, peut atteindre une vitesse de près de 100 kilomètres à l’heure.

La présence de cette espèce est également une remarquable réussite en conservation.

Après des décennies de chasse et de perte d’habitat, qui ont suivi la colonisation, l’espèce a frôlé l’extinction. En 1915, on comptait à peine 13 000 antilopes d’Amérique, soit une diminution de 99 % par rapport à sa population historique, estimée à 35 millions.

En réponse à ce déclin, certains des premiers efforts de conservation ont été entrepris dans les années 1920 pour renforcer leurs populations, notamment la protection de leurs habitats et l’élevage en captivité. Ainsi, les populations d’antilopes d’Amérique ont connu un nouvel essor (bien que certaines sous-populations demeurent encore fortement menacées). Aujourd’hui, on en compte environ 800 000, dont près de 32 000 dans le sud de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Toutefois, malgré cet encourageant rétablissement, cette espèce emblématique des prairies est encore confrontée à de nombreux défis.

Les clôtures : un problème pour l’antilope d’Amérique

En plus de la perte et de la fragmentation continuelles de ses habitats de prairies, la survie de l’antilope d’Amérique est fortement compromise par une autre importante menace : les barrières artificielles.

Cette espèce effectue l’une des plus longues migrations de tous les mammifères d’Amérique du Nord. Ce long trajet lui permet de se rendre dans différents habitats tout au long de l’année, notamment dans des aires où les femelles donnent naissance à leurs petits au printemps, dans des zones de pâturage en été et dans des aires d’hivernage, explique Megan Jensen, spécialiste de la faune et chargée de projets à Conservation de la nature Canada (CNC) pour le sud-est de l’Alberta.

Antilope d'Amérique et son petit  (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Antilope d'Amérique et son petit (Photo de Leta Pezderic/CNC)

« Cette espèce migre principalement en fonction de ses besoins saisonniers, et plus particulièrement selon la disponibilité de la nourriture, explique Megan. Elle migre au printemps et à l’automne, mais ce ne sont pas nécessairement toutes les antilopes d’Amérique qui le font chaque année. »

En Alberta, l’espèce parcourt généralement environ 300 kilomètres lors de sa migration, alors que d’autres peuvent en parcourir jusqu’à 800.

L’espèce a modifié son mode de migration à l’époque où les prairies d’Amérique du Nord étaient essentiellement des étendues ouvertes et continues. Toutefois, les Prairies telles qu’on les connaît aujourd’hui ont été considérablement modifiées par l’activité humaine, notamment par l’ajout d’innombrables kilomètres de clôtures de barbelés.

Cet usage extensif de ces clôtures constitue un grave problème pour l’antilope d’Amérique. En effet, contrairement à d’autres grands ongulés, comme le cerf et le wapiti, elle évite de sauter les clôtures, car après tout, il s’agit d’une espèce qui préfère courir.

« Puisque le paysage a connu un si grand nombre de changements en un laps de temps relativement court, l’antilope d’Amérique n’a pas eu l’occasion de développer l‘instinct de sauter systématiquement par-dessus les clôtures », affirme Megan.

Ainsi, au lieu de passer par-dessus, elle  est  contrainte de passer en dessous. Cependant, si le fil inférieur de la clôture est trop bas, elle se blesse fréquemment sur les barbelés.

« Dans un moment de panique, si elle se précipite sous une clôture, elle peut s’égratigner le dos, ce qui lui enlève des bouts de fourrure, explique Megan. Cela crée ensuite une situation problématique pour le reste de la saison, car elle se retrouve soudainement avec une blessure, qui peut entraîner une infection, ou un risque plus élevé de souffrir d’hypothermie. »

L’antilope d’Amérique évitera donc les clôtures basses et trouvera des itinéraires moins directs et plus faciles à emprunter. Cependant, cela a pour conséquence de prolonger son périple, ce qui l’oblige à dépenser plus d’énergie à une période de l’année où les ressources alimentaires commencent à se faire rares. Ainsi, l’animal peut être soumis à un stress énergétique plus important en raison de la présence de clôtures.

Aggraver les conditions météorologiques

Les obstacles, tels que les clôtures, aggravent aussi les défis auxquels est confrontée l’antilope, surtout les tempêtes de neige. En effet, d’importantes chutes de neige mettent considérablement en péril sa survie. Les clôtures et autres types de barrières peuvent aussi empêcher un troupeau de se déplacer vers une zone où le fourrage est accessible, ce qui peut s’avérer désastreux.

Antilopes d'Amérique franchissant une clôture (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Antilopes d'Amérique franchissant une clôture (Photo de Leta Pezderic/CNC)

« Leurs comportements peuvent être très facilement modifiés par les conditions météorologiques, explique Megan. Si elles ne peuvent pas creuser dans la neige pour trouver de l’herbe et ne peuvent pas passer sous une clôture, cela peut créer une situation fatale où elles se retrouveront piégées et affamées. »

Un événement particulièrement désastreux s’est produit au cours de l’hiver 2010 à 2011, quand de fortes chutes de neige ont entraîné la mort de nombreuses antilopes d’Amérique en Saskatchewan, en Alberta et au Montana (É.-U.). Certaines sont mortes parce qu’elles n’ont pas pu supporter le coût métabolique lié à la survie dans ces conditions, tandis que d’autres ont été tuées par des collisions avec des véhicules alors qu’elles cherchaient à se frayer un chemin à travers les importantes accumulations de neige le long des routes et des voies ferrées déneigées.

Selon des études menées par le gouvernement de l’Alberta, la population de l’espèce a connu un inquiétant déclin de 42 % entre 2009 et 2011 dans la province.

Vous souhaitez contribuer à la sauvegarde de l'habitat de l'antilope d'Amérique? Cliquez ici!

Rendre les clôtures plus faciles à traverser

Pour faciliter le déplacement de l’espèce sur le territoire, des travaux ont été entrepris pour rendre les clôtures en fil de fer plus aisément franchissables, tout en demeurant efficaces pour maintenir le bétail en place. Ce travail a été mené par Paul Jones de l’Alberta Conservation Association.

Plusieurs modifications peuvent être apportées aux clôtures pour aider les espèces sauvages, et l’une des plus importantes consiste à élever le fil de fer inférieur à au moins 18 pouces de hauteur et à utiliser un fil lisse plutôt qu'un fil barbelé. Il a été démontré que cela permet à l’antilope de se déplacer de manière plus directe, tout en évitant les risques de blessures.

« Cela aide aussi d’autres animaux à passer sous la clôture. S’ils n’ont pas à dépenser cette énergie, ils ne le feront pas, affirme Megan. Il devient donc bien plus facile pour ces espèces de se déplacer sur le territoire. »

En facilitant ces déplacements, on pourrait contribuer au rétablissement de leurs populations. En Alberta, les populations d’antilopes d’Amérique connaissent aujourd’hui un rétablissement constant (jusqu’à 15 % d’augmentation par an), à l’exception d’un léger déclin entre 2014 et 2015, et d’un déclin de 18 % entre 2017 et 2018.

CNC travaille actuellement à l’installation d’un plus grand nombre de ces clôtures respectueuses de la faune dans le cadre de projets menés dans le sud-ouest de l’Alberta. Si vous souhaitez appuyer ces efforts, envisagez de faire un don à CNC dès aujourd’hui.

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