Offrir un habitat sain et sécuritaire au tétras des armoises
Détermination et collaboration sont nécessaires pour restaurer des prairies pour le tétras des armoisesTétras des armoises relâché sur le site (Photo de Leta Pezderic)
La restauration de milieux naturels requiert beaucoup de travail, mais peut donner un grand coup de pouce à la biodiversité.
L’un des endroits où Conservation de la nature Canada (CNC) s’affaire à de tels travaux se trouve dans le sud-est de l’Alberta. Ces efforts sont destinés à venir en aide au tétras des armoises, l’un des oiseaux en voie de disparition dont le déclin est le plus rapide au Canada.
CNC a acquis le site en cours de restauration pour offrir un endroit sécuritaire et accueillant où le Wilder Institute/Zoo de Calgary pourrait relâcher des oiseaux élevés en captivité afin d’augmenter les effectifs de l’espèce qui déclinent rapidement à l’état sauvage.
L’endroit a été choisi parce qu’il se trouve dans une zone désignée comme importante pour cet oiseau. Il est situé près de ses derniers sites de parade nuptiale (leks) dans la province, selon Megan Jensen, responsable d’aire naturelle à CNC pour le sud-est de l’Alberta.
« Nous avons cherché un site que nous pourrions retransformer en habitat vital pour les tétras des armoises, afin de les y relâcher, raconte Megan. C’était la seule parcelle anciennement cultivée dans une mer de prairies. »
L’une des premières étapes du projet a été de retirer deux anciens wagons de train, ce qui a été fait avec l’aide du ministère de l’Environnement et des Aires protégées de l’Alberta.
Cela était important, car ces structures permettaient aux blaireaux, aux coyotes et aux renards de se camoufler. Des caméras installées sur le site ont d’ailleurs démontré leur présence dans tout le secteur. Des rapaces et des pies allaient aussi s’y percher, ce qui leur permettait de surveiller la prairie environnante à la recherche de proies.
« Puisque nous sommes au beau milieu d’un habitat vital pour le tétras des armoises, nous devons éviter de donner un avantage aux prédateurs », explique Megan.
La sécurité d’abord et avant tout
Le site a également été rendu plus sécuritaire pour le tétras des armoises grâce à l’installation d’attaches pour assurer la visibilité des clôtures de barbelés.
La présence de bétail au pâturage dans le secteur rend l’utilisation de ces clôtures nécessaires, mais elles représentent un danger pour les tétras qui peuvent être blessés ou tués lorsqu’ils les percutent en vol. Ces attaches les rendent plus visibles et contribuent ainsi à éviter les collisions.
Un autre changement apporté aux clôtures consistait à installer des cônes de plastique sur le dessus des poteaux afin de limiter le nombre de perchoirs dont peuvent se servir les oiseaux de proie.
« Ils empêchent tout simplement les faucons et autres oiseaux de s’y percher pour scruter les alentours », précise Megan.
Jardiner en plein désert
Une fois ces étapes complétées, Megan a commencé à restaurer la végétation sur la propriété jadis utilisée à des fins agricoles, mais laissée en friche depuis des années. Un plan pour transformer la terre aride et dénudée en oasis de prairie pour le tétras des armoises a été conçu avec l’aide d’une spécialiste de la restauration.
« Le plan est de retransformer cet endroit pour qu’il soit aussi semblable que possible aux prairies indigènes qui l’entourent et offre nourriture et abris au tétras des armoises », dit-elle.
Restauration de l'habitat du tétras des armoises, Alb. (Photo de Leta Pezderic)
Étonnamment, la première étape a été d’ensemencer la terre comme si l’on allait la cultiver de nouveau.
« Nous avons fait cela pour ameublir le sol durci, y augmenter la présence de certains nutriments et créer de la biomasse et un couvert végétal », explique Megan.
L’année suivante, des végétaux indigènes ont été semés sur le site. Toutefois, la nature n’était pas prête à collaborer.
« Nous avons eu moins de 130 millimètres de pluie cet été-là, ce qui correspond aux précipitations minimales nécessaires pour la germination de la plupart de ces végétaux. La saison a aussi été très chaude, se souvient Megan. C’était bien dommage, puisque plusieurs n’ont pas poussé. »
Heureusement, tout n’était pas perdu pour autant.
L’année suivante, l’équipe a décidé d’essayer une approche quelque peu différente. Elle a semé de l’orge comme culture de protection (cette pratique est destinée à fournir un couvert végétal qui améliore les conditions d’un site, plutôt qu’à produire une récolte), et cela a fonctionné.
« Cela a permis de conserver une partie de l’humidité du sol, et certaines graminées indigènes ont commencé à pousser », raconte Megan.
Quelle est la prochaine étape?
Les jeunes pousses étaient un signe encourageant que la restauration du site était de nouveau sur les rails. L’année prochaine, Megan espère poursuivre sur la voie du succès en plantant encore plus de graminées indigènes. Éventuellement, de jeunes plants d’autres espèces indigènes seront mis en terre sur le site, y compris des pousses d’armoise, un arbuste dont le tétras des armoises dépend pour s’alimenter et s’abriter.
Au fil du temps, des spécialistes de la faune et de la flore étudieront le site pour suivre l’évolution de la communauté d’espèces qui s’y trouvent. Cela permettra de déterminer la réussite des travaux de restauration.
Ce projet contribue à démontrer que la restauration des prairies est un travail ardu et de longue haleine. Pour aider CNC à non seulement restaurer, mais aussi à conserver des prairies indigènes qui abritent des espèces en péril, dont le tétras des armoises, nous vous encourageons à faire un don dès aujourd’hui.