Assurer la survie du pin flexible, un cône à la fois
Des conservationnistes œuvrent au rétablissement du pin flexible en partenariat avec CNCPin flexible devant le mont Crowsnest, Alb. (Photo de Sean Feagan/CNC)
De nombreuses personnes passionnées et dévouées œuvrent dans le milieu de la conservation, mais celles qui gravissent sans relâche des montagnes pour sauver des arbres en voie de disparition comptent certainement parmi les plus déterminées.
Le personnel et les bénévoles de la Whitebark Pine Ecosystem Foundation of Canada, une organisation qui œuvre à la protection des écosystèmes de pins à écorce blanche, ne reculent devant rien pour assurer la sauvegarde de deux espèces d’arbres en voie de disparition : le pin à écorce blanche et le pin flexible.
Ces deux arbres, qui ne poussent que dans l’ouest de l’Amérique du Nord, y compris en Alberta et en Colombie-Britannique, connaissent un déclin majeur. Même si divers facteurs contribuent à cette situation, dont les changements climatiques et le dendroctone du pin ponderosa (un insecte ravageur), la principale cause est une maladie fongique appelée vésicule rouilleuse du pin blanc.
L’une des principales initiatives que mène la Whitebark Pine Ecosystem Foundation of Canada est la recherche et la propagation de spécimens d’arbres résistants à cette maladie mortelle.
Conservation de la nature Canada (CNC) collabore avec l’organisation en lui donnant accès à des sites de conservation qu’il possède ou gère sur les versants est des Rocheuses, où l’on retrouve des peuplements de pins flexibles. Cette espèce pousse à une altitude moins élevée que le pin à écorce blanche et a donc plus de chances d’être présente sur les terres privées que CNC œuvre à conserver.
Ce travail demande beaucoup de temps et d’efforts, explique Jodie Krakowski, vice-présidente de la Whitebark Pine Ecosystem Foundation of Canada, qui assure aussi la coprésidence de l’équipe du programme de rétablissement du pin à écorce blanche et du pin flexible de l’Alberta et la présidence de l’équipe nationale de rétablissement.
Dénicher la résistance
Pour trouver des arbres résistants à la vésicule rouilleuse du pin blanc, il faut les chercher là où la maladie a fait le plus de ravages.
« Nous cherchons des peuplements où le taux d’infection est très élevé, par exemple 80 ou 90 %. De tels endroits ne sont malheureusement pas rares en Alberta, explique Mme Krakowski. Nous allons y trouver les arbres qui sont restés en santé, et qui sont donc les plus susceptibles d’être résistants à la maladie. »
Après avoir ciblé des spécimens d’intérêt, les conservationnistes reviennent sur le site au début de la saison, une année où les arbres produisent des cônes, ce qui n’arrive qu’aux 3 à 5 ans. Ils recouvrent les cônes en développement pour empêcher les animaux de les manger.
Cône au sommet d'un pin flexible (Photo de Sean Feagan/CNC)
Le pin flexible produit de grosses graines riches en nutriments et en énergie. C’est ce qui explique qu’elles comptent parmi les aliments préférés de nombreuses espèces, dont l’écureuil roux et le cassenoix d’Amérique, et pourquoi le pin flexible est considéré comme une espèce clé au sein des écosystèmes des contreforts des Rocheuses.
Les cônes contiennent en moyenne 75 graines, dont à peu près la moitié peuvent produire des pousses viables.
Le temps porteur de réponses
Après avoir protégé les cônes, les conservationnistes reviennent plus tard au cours de la même année pour les récolter une fois qu’ils sont pleinement développés.
Les graines sont ensuite envoyées à un laboratoire où elles sont mises en terre après germination, afin de vérifier plus tard la résistance des spécimens collectés. Ce n’est pas une mince affaire.
« Le processus prend environ 7 ans et coûte près de 2 000 $ par arbre, raconte Mme Krakowski. Nous ne savons donc pas encore si les graines que nous avons récoltées des arbres des propriétés de CNC sont résistantes, puisque nous n’avons pas encore eu le temps de compléter le processus. »
Pousse de pin flexible (Photo de WPEF)
Les arbres de demain
La Whitebark Pine Ecosystem Foundation of Canada plante aussi des pousses de pins flexibles résistants pour augmenter la population de l’espèce.
En 2022, les responsables d’aires naturelles de CNC qui travaillent dans la région des contreforts de l’est des Rocheuses ont commencé à en planter sur les sites de conservation de CNC.
« Nous avons visité de nombreux endroits pour voir lesquels pourraient être les plus propices, se remémore Mme Krakowski. Nous avons ensuite planté plusieurs arbres, et nous faisons maintenant un suivi pour voir comment ils se développent au fil du temps, parce que leur croissance est très lente. »
On espère que ces arbres contribueront à créer les peuplements de pins flexibles de demain, augmentant ainsi la population de cette précieuse espèce en péril et fournissant nourriture et abris aux espèces des Rocheuses.
Conservation de la nature Canada travaille pour faire en sorte que ces arbres disposent de milieux naturels où pousser. Pour soutenir cette mission, nous vous encourageons à appuyer le travail de CNC, par exemple en faisant un don à la campagne pour la conservation du site The Yarrow, dans le sud de l’Alberta.