Conserver la nature et les souvenirs
Gardiner Point, N.-B. (Photo de Andrew Herygers/CNC)
Sur la côte nord-est du Nouveau-Brunswick, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Miramichi, se trouve la réserve naturelle Gardiner Point.
Depuis sa plage, on peut voir au loin la côte déchiquetée de la baie de Miramichi. Aux sons enjoués d’une famille faisant du vélo et du bruissement du vent dans les arbres, des canards montent et descendent sur les vagues. Cette magnifique réserve naturelle de 21 hectares est un don de Cheryl Coffin, une citoyenne américaine.
Bien que résidente de l’État du Maine, Mme Coffin se soucie profondément de la nature et des espèces sauvages du Canada. Ses premiers séjours dans la baie de Miramichi remontent aux années 1950, alors qu’elle était toute petite. Elle y a en effet passé une grande partie de son enfance à visiter ses grands-parents maternels dans la communauté de Gray Rapids. Son père, amoureux des spectaculaires paysages côtiers de la province, a éventuellement acquis une propriété à Gardiner Point, à environ 80 kilomètres de Gray Rapids, qu’il a plus tard léguée à sa fille.
Mme Coffin se souvient très bien des visites chez ses grands-parents qui se déroulaient en juin. Tout autour d’elle, le paysage magnifique regorgeait de fleurs de trilles, de cypripèdes, de maïanthèmes et de fraisiers. Elle pouvait voir des saumons atlantiques dans la rivière, et occasionnellement un orignal ou un cerf de Virginie sur la terre ferme.
À l’âge adulte, Mme Coffin a retrouvé cette ambiance paisible sur la propriété dont elle avait hérité. La région de Miramichi est toutefois beaucoup plus peuplée que pendant son enfance, et il était clair qu’elle n’était pas la seule à garder de merveilleux souvenirs de la région. Mme Coffin a remarqué que les gens des collectivités environnantes fréquentaient les plages de la baie de Miramichi pour y pratiquer diverses activités de plein air.
« En été, raconte-t-elle, les gens venaient pour pique-niquer, se promener avec leurs chiens, ou se détendre au soleil. » C’est cette ambiance animée et son amour de la nature, qui l’ont poussée à faire don de sa propriété à des fins de conservation. American Friends of Canadian Nature (AFCN), un organisme américain qui soutient la conservation des milieux naturels au Canada, lui a permis de faire ce don. AFCN a par la suite transféré la terre à CNC pour qu’il la protège à long terme.
Mme Coffin a la double citoyenneté américaine et canadienne. Comme elle vit aux États-Unis, elle a pu bénéficier d’un reçu fiscal émis par AFCN. L’organisation a joué un rôle important dans de nombreux dons semblables à celui de Mme Coffin, qu’il s’agisse de terres, d’argent ou de titres. Pour en savoir plus sur AFCN, visitez americanfriendscanadiannature.org (en anglais).
Mme Coffin se passionne pour la nature, et en particulier ce qui touche le monde marin et les espèces qui fréquentent les milieux côtiers. Puisque la réserve naturelle Gardiner Point se compose à la fois de plages et de forêts Wabanaki (acadiennes), elle comprend une grande diversité d’espèces. Ses milieux forestiers abritent des arbres des climats tempérés à longue durée de vie tels que l’épinette, le bouleau, l’érable rouge, le peuplier faux-tremble et le sapin baumier. La plage sert quant à elle de lieu de nidification à l’hirondelle de rivage, une espèce menacée au Canada. L’aire protégée se trouve également dans une zone qui est importante au printemps pour les canards de mer et les canards de baie, ce qui en fait une région côtière prioritaire en vertu de la North American Wetlands Conservation Act. Parmi les autres oiseaux connus pour fréquenter la réserve naturelle, citons le grand héron, le martin-pêcheur d’Amérique, le mésangeai du Canada, la grive solitaire, le roselin pourpré et la mésange à tête noire.
Cheryl Coffin with Paula Noel and Meghan Coyle of NCC (Photo by Andrew Herygers/NCC staff)
En plus de celle de conserver la nature, l’une des grandes passions de Mme Coffin est l’art. En 2021, elle a reçu un courriel de Paula Noël, directrice des programmes de CNC pour le Nouveau-Brunswick, au sujet d’un grand héron baptisé Harper et portant une balise du Maine Heron Observation Network, un organisme qui fait le suivi des populations de l’espèce. Harper avait été localisé près de Gardiner Point, et par la suite, près de la demeure de Mme Gardiner, sur la côte du Maine. « Le même jour où elle nous a dit qu’Harper avait survolé notre baie, mon mari et moi avons entendu des hérons dans le ciel », se remémore Mme Coffin.
Harper avait volé au-dessus de chez elle aux États-Unis, et aussi où elle a vécu tant de moments de son enfance au Canada. Fascinée par ceci, elle a commencé à inclure Harper dans une série de peintures. Elle a imaginé l’échassier se réunissant avec d’autres hérons pour chercher de la nourriture. Également les extraordinaires vues aériennes qu’Harper pourrait voir pendant sa migration, des eaux chaudes du Sud jusqu’aux paysages familiers de la côte Est du Nouveau-Brunswick. Mme Coffin peint avec créativité et passion, faisant de son amour de la nature et de ses souvenirs de Miramichi le point de départ de sa pratique artistique.
Gathering ("Le rassemblement") deCheryl Coffin
La réserve naturelle Gardiner Point n’est qu’une petite partie de cette région de la baie de Miramichi, où tant de personnes et d’espèces trouvent refuge. Harper, le grand héron, y revient chaque année pour s’alimenter, tout comme Mme Coffin revient sur les lieux de ses souvenirs d’enfance. Ce site bien spécial nous rappelle l’importance de la nature dans notre vie, et ce, peu importe notre identité et notre personnalité.