Dites merci à un milieu humide!
Marais Red Head, N.-B. (Photo de ACAP Saint John)
À l'été 2021, à Saint John au Nouveau-Brunswick, des biologistes de Conservation de la nature Canada (CNC) ont exploré des zones humides situées en milieu urbain. Cela faisait changement de leur travail de terrain en milieu sauvage, en plus de leur a fait découvrir des oasis naturelles en plein cœur de la ville.
Ce projet a été financé en partie par Pêches et Océans Canada dans le cadre du Programme sur les données environnementales côtières de référence. Le port de Saint John est l’un des six endroits au Canada où des données de référence sont recueillies pour mieux détecter les changements dans l’environnement marin au fil du temps.
Sur la côte et au sein d’estuaires comme celui du havre de Saint John, la santé des milieux humides riverains et celle des eaux environnantes sont étroitement liées. Ces milieux humides sont en effet affectés par les marées qui les mettent en contact direct avec les habitats marins de la baie de Fundy. Les poissons et d’autres espèces sauvages passent ainsi une partie de leur vie dans les milieux humides, et l'autre dans l'estuaire ou dans les eaux libres de la baie.
L’équipe de CNC a évalué les milieux humides du havre et aux alentours. Ces milieux fournissent des services écosystémiques précieux dont nous bénéficions tous. Leurs fonctions naturelles procurent en effet des avantages économiques, culturels et sociaux directs et indirects aux populations. Ces milieux humides peuvent par exemple contribuer à prévenir les inondations, améliorer la qualité de l'eau en plus de représenter des sites pour la pratique de loisirs comme la photographie ou la pêche.
Le travail a commencé par l'examen d'images aériennes et satellitaires pour localiser les milieux humides à proximité du havre de Saint John et obtenir certaines données à leur sujet. Par la suite, en juillet et en août, des biologistes de CNC ont visité ces milieux humides afin de recueillir des informations sur les plantes et les animaux, ainsi que des données sur les niveaux d'eau, les conditions environnantes, en plus de prendre des photos. Les données ont été recueillies conformément au Protocole sur les services écosystémiques des terres humides pour le Canada atlantique[PN1] [PN2] , une méthode normalisée d’évaluation rapide des fonctions naturelles importantes des milieux humides côtiers et intertidaux.
Parmi les douze milieux humides évalués, des plantes envahissantes ont été trouvées sur chaque site. La plus courante est l'alpiste roseau, une espèce envahissante très répandue. Cette graminée peut pousser en colonies si denses qu’elle étouffe toutes les autres espèces. Plus à l’est, un milieu humide était quant à lui recouvert d’une petite plante originaire d’Afrique du Sud, la cotule pied-de-corbeau. De nombreuses espèces sauvages indigènes ont aussi été observées, notamment des espèces préoccupantes comme le frêne rouge, le bruant de Nelson (un oiseau) et le monarque. On y a également observé de nombreux cerfs, des oiseaux de rivage, des canards et des hérons, ce qui révèle toute l’importance de ces milieux humides comme refuges pour la faune en milieu urbain.
Mais là où ces milieux humides urbains se distinguent vraiment, c'est par les services qu'ils offrent à la population environnante. En effet, les évaluations ont démontré que les milieux humides du havre de Saint John et des alentours étaient particulièrement efficaces pour « intercepter » les marées de tempête afin d’atténuer les inondations, retirer les contaminants de l’eau et transporter les éléments nutritifs vers les eaux environnantes, ce qui bénéficie aux espèces aquatiques et marines et aux pêches.
Les propriétaires fonciers participants à ce projet recevront des rapports concernant leurs milieux humides, mettant en évidence les services écosystémiques qu'ils rendent ainsi que des conseils sur la façon dont ils peuvent aider ces milieux à prospérer.