La connectivité : Des passages pour aider les espèces à se déplacer
Vicente-Vallée de l'Outaouais, QC (Photo de Mike Dembeck)
La connectivité, qu’est-ce que c’est exactement? Il s’agit avant tout d’un principe fondamental en conservation de la nature axé sur ce que l’on appelle des corridors écologiques — des passages naturels par lesquels la faune se déplace d’un habitat à l’autre. Il est essentiel de protéger et de restaurer ces corridors sur les territoires fragmentés par les routes, les villes et les fermes afin d’assurer la connectivité.
Un corridor écologique (ou « naturel »), c’est un passage terrestre ou aquatique qui « connecte » des territoires entre eux. Il joue donc un rôle de premier plan en matière de connectivité. Pourquoi? Car, tel un sentier traversant une forêt, cette zone permet aux animaux de se déplacer et aux végétaux de se disperser vers des habitats où ils peuvent se reproduire, se nourrir, s’abriter, bref, combler leurs besoins vitaux. La connectivité permet donc aux espèces sauvages de rester en santé.
En protégeant ces corridors naturels, Conservation de la nature Canada (CNC) et ses partenaires veillent à ce que les espèces puissent migrer d’un habitat à l’autre.
Quelques bienfaits du corridor naturel
- Déplacements saisonniers des animaux et végétaux
- Transfert des aires de répartition des espèces
- Prévention de l’isolement génétique des populations animales
Adaptation des espèces aux changements climatiques
Les changements climatiques représentent l’un des plus grands dangers auxquels font face la faune et la flore.
Sous cette menace, on estime qu’au Québec les espèces sauvages migreront vers le nord de 45 km en moyenne par décennie. C’est dire que les grands corridors à l’échelle de l’Amérique du Nord constituent une façon essentielle pour elles de s’adapter aux bouleversements climatiques mondiaux en leur permettant de se répartir autrement sur le territoire.
Isolement des espèces
Orignal au Mont-Hereford, Québec (Photo de la MRC de Coaticook)
Les actions humaines peuvent bien sûr porter atteinte à la connectivité. Les routes, les fermes et les villes peuvent diviser des territoires et, par le fait même, des habitats, isolant ainsi les animaux et les plantes qu’ils abritent.
Une autoroute ou un terrain industriel peut par exemple empêcher des arbres de se propager puisque leurs graines ne se disperseront pas vers de nouveaux habitats. Lorsqu’elles se retrouvent isolées, les espèces courent le risque de disparaître de cette région.
Les grands mammifères, dont l’ours, l’orignal et le lynx, ont besoin d’un vaste territoire pour se sustenter, se reproduire et se réfugier — en d’autres mots, pour survivre. L’orignal, par exemple, peut avoir besoin d’un espace de plus de 60 km². Si des routes et d’autres types d’obstacles l’empêchent de circuler sur son territoire, il est possible que l’espèce s’éteigne.
Les corridors naturels jouent donc un rôle crucial sur le plan de l’isolement, puisqu’ils diminuent le risque que des animaux et des végétaux se voient reclus, puis en voie d’extinction.
Sensibilisation du grand public
Les corridors écologiques favorisent la santé de l’environnement. Et qui dit écosystèmes en santé dit… économie prospère et humains heureux. En effet, n’oublions pas que la nature rend à la société de précieux services; certains récréatifs (pensons à la pêche, à la chasse, à l’ornithologie, à la navigation, etc.), d’autres vitaux. C’est le cas des milieux humides, véritables tampons naturels : en retenant l’eau, ils se révèlent de redoutables alliés contre les inondations et les pluies diluviennes. Quant aux bienfaits psychologiques et physiques d’une balade en plein air, ils ne sont plus à prouver.
Conservation de la nature Canada (CNC) a lancé l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCÉ) en 2017 afin d’accélérer la conservation de milieux naturels connectés par des corridors écologiques. L’initiative, qui est coordonnée par CNC, est menée par un regroupement de 10 organismes qui proposent une approche collective de l’aménagement du territoire aux acteurs provinciaux et municipaux, aux propriétaires de lots boisés et de terres agricoles, et à d’autres acteurs clés. Pour ce faire, des activités de mobilisation, de renforcement des capacités, de reconnaissance et d’accompagnement sont réalisées dans le sud du Québec.
L’IQCÉ, qui est soutenue par une centaine d’expert(e)s et de parties prenantes, bénéficie d’un financement provenant principalement des partenaires suivants : le gouvernement du Québec (dans le cadre du programme Action-Climat Québec qui rejoint les objectifs du Plan pour une économie verte 2030), le gouvernement du Canada (par l'entremise du ministère de l'Environnement et du Changement climatique), la Fondation Woodcock et la fondation de la Faune du Québec.
Consultez la carte interactive des projets de connectivité au Québec!
Vous êtes une municipalité et songez à collaborer avec un organisme de conservation? Découvrez la fiche à l'intention des municipalités à ce sujet, élaborée par le Réseau de milieux naturels protégés (RMN) en collaboration avec CNC!
Ensemble, on peut protéger ces passages fondamentaux aux écosystèmes. En veillant à la conservation des milieux naturels, le Québec demeurera un lieu privilégié où vivre et s’épanouir.