Île aux Grues - De l’histoire et de l’art : les deux extrémités protégées
Vue la pointe aux Pins en hiver, réserve Jean-Paul Riopelle, QC (Photo de CNC)
En aval de l’île d’Orléans, dans le secteur de Montmagny, là où l’eau du fleuve Saint-Laurent commence à se saler, se trouve l’archipel de L’Isle-aux-Grues. On y compte 21 îles, mais seules deux d’entre elles sont accessibles au public : Grosse Île, et la plus connue, l’île aux Grues. Cette dernière est, malgré son nom, la plus « grosse » des deux et mesure 7 kilomètres de long et 2 de large. On s’y rend à partir de Montmagny grâce au traversier NM Grue-des-Iles.
Conservation de la nature Canada (CNC) est fier de protéger 170 hectares de nature sur l’île aux Grues, soit près du douzième de sa superficie. Du haut marais, qui détient le secret de délicieux fromages, à la réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle, le patrimoine naturel et culturel de cette île lui confère une réputation touristique bien méritée!
Des seigneuries au tourisme
Île aux Grues, QC (Photo de CNC)
En 1646, le sieur de Montmagny, Charles Huault, se fait octroyer la seigneurie de la Rivière-du-Sud comprenant les terres bordant ladite rivière à son embouchure (où se trouve la ville de Montmagny aujourd’hui), ainsi que l’île aux Grues, et l’île aux Oies. Il faut savoir que ces deux îles sont reliées par des battures, ce qui donne l’impression de n’avoir qu’une seule île.
Île aux Grues, vue aérienne, QC (Photo de CNC)
Les générations suivantes se sont partagé ces îles jusqu’en 1671, quand l’île aux Grues est vendue comme seigneurie à Pierre Bécard. Le nom de l’île est apparu à cette époque en référence aux grands hérons présents sur l’île, que les habitants avaient alors confondus avec des grues. L’île aux Oies, pour sa part, sera achetée par les religieuses de l’Hôtel Dieu de Québec (ce qui fut une bénédiction pour leur communauté puisque les fermiers, chasseurs et pêcheurs leur versaient la moitié de leurs gains!), puis acquise vers la fin des années 1960 par un club de chasse privé, et enfin, par André Desmarais et Marc Séguin, qui en sont les propriétaires actuels.
Le développement économique de l’île doit son succès au milieu naturel qui relie les deux îles : les battures. Celles-ci permettent la culture du foin de mer, nourriture par excellence pour les bovins. Qui dit vache, dit lait, et qui dit lait, dit fromage! En effet, peut-être connaissez-vous la Fromagerie de l’Isle? Vers 1900, il a fallu trouver une alternative à la conservation du lait. C’est un désavantage d’habiter sur une petite île lorsqu’on vend un produit périssable, et qu’il faut se rendre sur le continent en canot pour y vendre la marchandise! La solution de faire du fromage fut une belle preuve de débrouillardise de la part des habitants de l’île, et a contribué à sa renommée. Si un traversier, et même un avion, permettent aujourd’hui l’accès, l’art fromager de l’île perdure et fait partie intégrante du circuit touristique.
Plateforme d'observation du haut marais, QC (Photo de DanielTphoto)
CNC protège une partie du haut marais à la pointe est de l’île, et encore aujourd’hui, la culture durable du foin de mer persiste pour certains agriculteurs. Leur respect de la nature et les liens tissés avec CNC en font des partenaires de conservation précieux. Le paysage y est tout à fait unique et bien préservé.
Avec les plateformes d’observation installées en 2021, c’est l’endroit idéal où contempler la rencontre harmonieuse entre la nature et l’histoire humaine.
Visionnez nos vidéos pour en apprendre plus sur la nature protégée dans le secteur des battures!
L’inspiration par la nature
Vue la pointe aux Pins, réserve naturelle Jean-Paul Riopelle, QC (Photo de CNC)
La pointe ouest de l’île est également protégée par CNC; il s’agit de la réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle. Les quelque 200 espèces d’oiseaux migrateurs et les plantes uniques à cette région du fleuve ont en effet de quoi attirer les curieux! L’artiste peintre et sculpteur Jean-Paul Riopelle y a d’ailleurs résidé plus de dix ans, s’inspirant de cette nature hors du commun pour réaliser ses œuvres. Il s’est d’ailleurs éteint sur cette île en 2002.
La réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle, à la pointe aux Pins, se veut un hommage à la vie et aux œuvres de celui qu’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands peintres du Canada. Sa renommée et les peintures inspirées des paysages et de la faune locale ont très certainement aidé au rayonnement de ce coin de paradis. La réserve parle d’elle-même et la beauté saisissante de sa nature vaut le détour.
Planifiez donc une halte à la réserve naturelle lors de votre visite dans la région. Après tout, l’accès à celle-ci n’est qu’à 5,6 km du haut marais!