Oiseau diurne ou nocturne?
Le râle jaune et le hibou des marais - Deux espèces en situation précaire sur l'île aux GruesHibou des marais (Photo d'Etienne Artigau)
Reconnue pour sa fromagerie de grande réputation et pour avoir hébergé le célèbre peintre et sculpteur québécois Jean-Paul Riopelle, l’île aux Grues est aussi un site important pour la conservation de nombreuses espèces d’oiseaux. Située au cœur de l’estuaire du Saint-Laurent, en aval de Québec, il s’agit d’une halte de choix pour plusieurs oiseaux migrateurs.
Le râle jaune
Râle jaune (Photo de J. Brisson)
Le râle jaune est un petit oiseau nocturne plutôt méconnu en raison de son comportement furtif et du type d’habitat qu’il fréquente. Au lieu de s’envoler à l’approche d’un humain, il reste sur place, bien caché dans la végétation grâce à son camouflage parfaitement adapté. Au moment de sa nidification, la femelle recherche des marais avec un tapis de végétation morte, qu’elle utilise pour construire son nid et le cacher en tissant un toit de tiges et de feuilles sèches. Afin de favoriser la nidification du râle, il est donc important de limiter la fauche et le brûlage afin de maintenir un tapis de végétation morte au sol.
Hibou des marais (Photo de Gregory Johnston)
Le hibou des marais
Le hibou des marais, quant à lui, vit le jour et porte bien son nom! Bien qu’il fréquente plusieurs types de milieux ouverts tels que les prairies humides et certaines terres agricoles, il évite l’intérieur des forêts et recherche, pour la nidification, une végétation herbacée haute. En migration, jusqu’à douze individus chassent simultanément dans le secteur de l’île aux Grues et quelques couples y nichent annuellement.
La conservation des habitats
Dans l’ensemble de leur aire de répartition en Amérique du Nord, les populations de râle jaune et le hibou des marais ont subi un important déclin durant la dernière décennie, attribuable principalement à l’intensification de l’agriculture, au développement immobilier et au drainage de milieux humides. Ces facteurs ont entraîné une diminution importante des superficies d’habitats favorables à ces espèces. De plus, la mécanisation agricole et la culture fourragère intensive sont une source de mortalité des œufs en période de reproduction, comme c’est le cas de nombreuses autres espèces nichant au sol dans ce type d’habitat.
Conservation de la nature Canada (CNC) protège des milieux naturels aux deux extrémités de l’île aux Grues. C'est dans les prairies humides du haut marais, situées entre l’île aux Grues et l’île aux Oies que se trouvent plusieurs plusieurs espèces nichant au sol dans les milieux champêtres, comme le râle jaune et le hibou des marais, deux espèces en situation précaire.
L’implication de CNC sur l’île aux Grues permet de protéger une mosaïque d’habitats favorables à plusieurs espèces et d’en faire profiter le public. De plus, les terrains protégés sont de véritables petits laboratoires en milieu naturel. Ils permettent aux scientifiques de bonifier leurs connaissances des espèces qui y vivent afin d’adopter les meilleures pratiques pour les sauvegarder.