Jardinage : bien choisir pour aider la nature
Mégachile sur un plant d'asclépiade incarnate (Photo de Sarah Ludlow)
Par Sarah Ludlow, ancienne coordonnatrice, science de la conservation - SIG à CNC en Saskatchewan
C’est à nouveau le moment de l’année où l’on commence à sentir l’arrivée du printemps et de températures plus clémentes, en particulier dans ma province de la Saskatchewan. C’est à cette période que je démarre les semis que je planterai dans mon jardin pour l’année. En plus des légumes pour mon potager, je démarre aussi des semis de fleurs. Je suis certaine que vous avez déjà entendu dire que planter des fleurs, en particulier celles qui sont indigènes à la région où vous vivez, est l’un des meilleurs moyens d’aider les abeilles et les autres pollinisateurs qui vivent chez vous. Les insectes sont à la base de la chaîne alimentaire et un milieu riche en invertébrés fournit aussi à manger à des espèces de plus grande taille, comme les oiseaux.
Bourdon et plant d'achilée (Photo de Sarah Ludlow)
L’été dernier, nous avons retiré un coin de pelouse dans notre cour avant pour planter des fleurs. Les pelouses peuvent être des déserts pour la biodiversité, n’offrant aux espèces sauvages ni nourriture ni abri, et elles sont souvent gérées d’une manière qui nuit activement à la faune et à la flore (lorsque l’on emploie des pesticides, par exemple). De plus, comme les pelouses ne sont souvent composées que de quelques espèces de graminées originaires d’Eurasie, elles ne sont souvent pas adaptées aux conditions présentes au Canada. Par conséquent, elles nécessitent beaucoup d’arrosage et d’engrais pour rester vertes. C’est pourquoi nous avons commencé à enlever notre pelouse l’été dernier. Nous avons commencé à petite échelle pour que ce soit plus facile à gérer, et nous prévoyons d’agrandir notre petite parcelle de fleurs cette année.
Donner un coup de pouce à la nature en l’invitant chez vous
De nombreuses recherches montrent que même si votre coin de verdure urbain est petit, l’aménager de manière à aider la nature peut avoir de grands bienfaits pour sa conservation, et que ces bienfaits sont encore plus grands quand de nombreuses personnes s’y mettent, créant ainsi des réseaux d’habitat connectés plutôt que des îlots de biodiversité. Cela signifie que vos choix en matière de jardinage et d’aménagement paysager sont importants et que ce que vous plantez (ou évitez de planter, dans certains cas) peut changer la donne pour les pollinisateurs, les autres espèces sauvages et la conservation.
Bourdon de Hunt sur un plant de liatris (Photo de Sarah Ludlow)
Un coup d’œil à l’arrière d’un paquet de semences de « fleurs sauvages » vous indiquera s’il contient des graines de végétaux qui sont envahissants dans votre région. Si tel est le cas, vous pourrez plutôt acheter un paquet qui ne contribuera pas à la propagation d’espèces nuisibles. De même, en choisissant de cultiver des plantes à fleurs simples, avec moins de pétales, plutôt qu’à fleurs doubles, vous fournirez plus de nourriture aux pollinisateurs. Les variétés à fleurs doubles sont souvent sélectionnées pour leur valeur esthétique, car elles contiennent beaucoup plus de pétales, mais elles peuvent manquer de nutriments pour les pollinisateurs, qui auront aussi plus de mal à accéder à leur pollen et à leur nectar.
Il n’est pas nécessaire d’avoir une grande cour ou des hectares d’espace pour cultiver de la nourriture pour la faune ou pour soi-même. De nombreuses variétés de fleurs et de légumes se prêtent bien à la culture en pots que l’on peut placer sur son balcon ou sur le pas de sa porte. Il faut également veiller à sélectionner des fleurs dont la floraison successive offrira aux abeilles, papillons et autres pollinisateurs des sources de nourriture tout au long de la saison de croissance.
Coin de pelouse converti en plate-bande de fleurs (Photo de Sarah Ludlow)
Enfin, le dernier exemple est tiré de ma propre histoire : envisagez de convertir une partie de votre pelouse plate-bande de fleurs pour fournir un habitat. N’oubliez pas que les plantes qui ont évolué dans votre région (plantes indigènes) sont les mieux adaptées aux conditions de croissance et les plus utiles à la faune et à la flore locales.
Cette année, j’espère donc que vous réfléchirez à ce que vous planterez, car même ces choix apparemment anodins peuvent faire beaucoup pour aider la nature!
Autres ressources
- Participez à des projets de science participative comme iNaturalist pour documenter les espèces sauvages présentes chez vous.
- Relevez le défi Petits gestes de conservation de CNC.
- Consultez ces guides régionaux de plantation (en anglais) pour obtenir des listes de plantes indigènes à votre région.