John Lowry, un héros de la conservation dans le comté de Prince Edward (Ontario)
John Lowry et Amanda Tracey, Activité bénévole, Newburgh, Ont. (Photo de Chelsea Marcantonio/CNC)
Par Amanda Tracey, coordonnatrice, Biologie en conservation dans le centre-est de l'Ontario à CNC
L’un des aspects que je préfère dans mon travail à Conservation de la nature Canada (CNC) est l’organisation d’événements, en particulier ceux des Bénévoles pour la conservation. J’aime faire de nouvelles rencontres, connaître l’histoire des gens et savoir ce qui les motive à s’impliquer. J’adore leur montrer de nouvelles compétences, répondre à leurs questions, leur faire découvrir des plantes et des animaux fascinants et faire en sorte que beaucoup de travail soit accomplie grâce à leur aide. Les activités bénévoles sont vraiment géniales!
Le premier événement bénévole que j’ai organisé s’est déroulé le 1er décembre 2018 dans la réserve naturelle Napanee Plain Alvar, à Newburgh, en Ontario. Ce milieu naturel correspond à l’habitat de la pie-grièche migratrice de l’Est, un oiseau chanteur en péril qui privilégie les zones ouvertes pour chasser. Le bétail qui se trouve dans la réserve fait le plus gros du travail en broutant la végétation ligneuse envahissante, mais une équipe de bénévoles est aussi nécessaire pour éliminer les végétaux, comme le genévrier de Virginie, que ne consomment pas les bêtes.
Puisqu’elle a lieu en décembre, cette activité bénévole est toujours très populaire, car nous fabriquons des couronnes de Noël avec les branches des arbustes envahissants que nous venons de déraciner. C’est dans ce contexte que j’ai fait la connaissance de John Lowry, qui participait à son premier événement bénévole.
Je me souviens de cette fraîche journée de décembre. Je venais d’expliquer le programme du jour aux 20 personnes participantes, qui s’attelèrent à la tâche avec enthousiasme. M. Lowry est venu me voir pour se présenter. Il m’a confié être très heureux de s’initier aux activités bénévoles de CNC et nous avons discuté pendant un moment. Prévoyant de prendre sa retraite prochainement, il évaluait les possibilités de bénévolat qui s’offraient à lui. Depuis lors, il s’est présenté à presque toutes les activités bénévoles que j’ai organisées.
M. Lowry a grandi et a passé sa vie dans la région de Belleville.Son père l’ayant initié au plein air dès son plus jeune âge, il a toujours su apprécier le monde naturel. C’est après avoir travaillé pour le service de police de Belleville pendant plus de 32 ans qu’il a pris sa retraite. Aujourd’hui, il est reconnaissant d’avoir plus de temps pour explorer la nature et agir concrètement pour sa sauvegarde. Bien qu’il ait visité le vaste site Hastings Wildlife Junction, les collines ondulées des plaines du lac Rice, et même certains secteurs du parc Algonquin, l’un des endroits qu’il préfère et où il s’est rendu le plus souvent est le comté de Prince Edward.
M. Lowry est tombé sous le charme de la région en raison de ses incroyables atouts naturels et de son « caractère largement rural », bien qu’elle soit située dans le sud de l’Ontario, une zone très urbanisée. En effet, le comté englobe le parc provincial Sandbanks, un site de renommée mondiale abritant les plus grands barachois d’eau douce de la planète (étendue d’eau isolée de la mer par un banc de sable) ainsi que des habitats uniques. On y trouve également l’observatoire d’oiseaux de Prince Edward Point, un site propice à l’observation des milliers d’oiseaux qui traversent la région en période de migration printanière et automnale. C’est selon luiun lieu très spécial.
Depuis notre première rencontre en décembre 2018, M. Lowry s’investit davantage en tant que bénévole. Il a en effet participé à plus de 10 activités bénévoles de CNC, la plupart dans le comté de Prince Edward. Voilà un nombre étonnant compte tenu de l’interruption des activités de l’organisme en 2020 et 2021 en raison de la pandémie. Arrachage de gousses de dompte-venin de Russie (une plante envahissante aussi appelée cynanche), plantation de semis dans une prairie et élimination de nerpruns sont quelques-unes des nombreuses activités auxquelles il a pris part. Et celles-ci ne sont qu’un aperçu de l’ampleur de l’implication de M. Lowry dans le domaine de la conservation. Bien qu’il ait commencé à faire du bénévolat dans le cadre du programme Bénévoles pour la conservation de CNC, il œuvre aujourd’hui auprès de nombreux autres organismes du comté, notamment le club des naturalistes de Quinte Field, la South Shore Joint Initiative et Friends of Sandbanks. Il organise entre autres des sorties sur le terrain et des activités d’intendance, en plus de participer à la collecte de données sur la biodiversité. Vous le retrouverez à toutes les activités de conservation ayant lieu dans le comté ou dans un rayon de deux heures de route!
Une des réalisations dont il est le plus fier est un projet de lutte contre le nerprun dans le parc provincial Sandbanks, qu’il a mené en collaboration avec d’autres bénévoles dévoué(e)s de l’organisme Friends of Sandbanks. Il a supervisé toutes les étapes du projet, y compris la demande de financement, les communications avec l’équipe du parc, la recherche d’entrepreneurs et l’exécution des travaux. « C’était difficile, mais très satisfaisant de voir à quel point nous avions amélioré la situation en seulement deux jours de travail », se souvient M. Lowry.
Son engagement en tant que bénévole lui a également permis de renforcer ses aptitudes de naturaliste. Au moment de notre première rencontre, il découvrait sa passion pour les plantes, en particulier les fleurs sauvages rares. Nous avons d’ailleurs fait plusieurs randonnées ensemble, et je me souviens qu’il prenait des notes et des photos en me demandant d’identifier chaque plante. Il était avide d’en apprendre plus. Maintenant, il me montre des photos de fleurs qu’il a trouvées et identifiées lui-même, et dont je n’ai jamais entendu parler! En moins de cinq ans, il est passé du statut de simple curieux à celui de botaniste chevronné. J’ai eu beaucoup de plaisir à le voir découvrir la nature, et aujourd’hui, j’ai le privilège d’apprendre beaucoup de choses grâce à lui.
Au-delà de son bénévolat auprès d’organismes, M. Lowry s’est également lancé dans un projet de conservation personnel : il collecte régulièrement les canettes et les bouteilles sur le bord des routes. Une des choses qu’il déteste par-dessus tout, c’est la pollution par les déchets. Lorsqu’il était jeune, son père, qui avait la même bête noire que lui, l’emmenait avec ses frères et sœurs ramasser les bouteilles vides. Puis, ils les encaissaient et se partageaient l’argent. C’est donc tout naturellement qu’il a commencé à nettoyer les routes de cette façon.
Chaque fois qu’il prend sa voiture, s’il voit des canettes ou des bouteilles par terre, il s’arrête pour les ramasser. Lors d’un seul voyage dans le comté, il a collecté l’équivalent de 19 dollars en produits recyclables. Le ramassage de déchets comporte 3 avantages :
- Rend l’environnement plus propre, sain et sûr
- Contribue au recyclage du métal et du verre
- Permet de gagner un peu d’argent
En 2021, lors de sa première année de ramassage de canettes et de bouteilles, M. Lowry en a collecté pour près de 850 $. Puis, en 2022, il a amassé plus de 1 500 $. Son objectif pour 2023 est de 2 000 $. Même s’il pourrait encaisser cette somme d’argent, M. Lowry choisit plutôt d’en faire don à CNC lors du Mardi je donne, une journée pendant laquelle tous les dons sont égalés, ce qui permet d’en doubler les retombées. Il s’agit d’un exemple de geste altruiste de la part d’une personne profondément généreuse.
M. Lowry contribue de façon inestimable à la protection de la nature dans le comté et au-delà. Il est un véritable héros de la conservation, et c’est très peu dire. En plus de prendre part à diverses activités, son dévouement est exceptionnel. Même si vous n’avez pas beaucoup de temps à consacrer à la conservation, il vous encourage à mettre la main à la pâte de quelque façon que ce soit. Toute forme d’aide compte, petite ou grande. Vous pouvez notamment proposer votre aide aux organismes de votre région. « Je crois sincèrement qu’il n’y a rien de plus gratifiant que de travailler sur le terrain », déclare John Lowry. « On voit rapidement les effets positifs de nos efforts. »