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Maintenir notre orientation en conservation

Île aux Cerfeuils, Archipel d'Hochelaga, QC (Photo Martin Beaulieu)

Île aux Cerfeuils, Archipel d'Hochelaga, QC (Photo Martin Beaulieu)

Par Lisa McLaughlin, vice-présidente, Politiques et planification en conservation, CNC

Nous avons la chance de vivre dans un pays dont les paysages sont riches et diversifiés, et ce, d’un océan à l’autre et à l’autre. Toutefois, même si Conservation de la nature Canada (CNC) et de nombreux autres organismes de conservation canadiens se démarquent sur la scène internationale par leur travail novateur, il y a encore place à l’amélioration. Nous devons continuer à établir des liens, combinés aux investissements des gouvernements, à susciter des investissements privés et à renforcer la collaboration sur le terrain, pour soutenir des mesures tangibles, comme l’intendance des terres, la recherche sur la résilience et l’éducation des collectivités, et ce, pour continuer à faire avancer le travail de conservation à l’avenir.

Les vastes forêts et les côtes à perte de vue du Canada sont choses communes sur les cartes postales, mais depuis la colonisation européenne, de vastes étendues ont disparu, dont 70 % des milieux humides des Prairies, plus de 80 % des étendues herbeuses des Prairies, 80 % de la forêt carolinienne et plus de 80 % des milieux humides situés dans et autour des centres urbains. D’autres portions des milieux naturels du Canada ont déjà été modifiées par les infrastructures, les agglomérations urbaines et les activités intensives d’exploitation des ressources naturelles. Les effets de la perte et de la fragmentation des habitats, du déclin de la biodiversité et de l’accélération du rythme des changements climatiques, ainsi que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques, ont un impact catastrophique sur la population et la nature. Pour arrêter et inverser ces pertes, il est essentiel de mettre en place des mesures de conservation efficaces. C’est pourquoi conserver les milieux naturels revêt aujourd’hui une importance sans précédent.

CNC s’est toujours engagé à utiliser les meilleures données disponibles pour orienter son travail, mais son approche a évolué au fil du temps. Aujourd’hui, nous avons accès à de vastes ensembles de données complexes et à des outils d’analyse très sophistiqués pour appuyer notre processus décisionnel. On peut donc prendre en compte une grande variété de facteurs pour nous aider à trouver les meilleurs endroits où travailler au sein de vastes paysages, de manière à ce que la nature et la population puissent prospérer. Cela nous permet de trouver un nombre suffisant d’habitats de qualité et interconnectés à travers les paysages pour que l’ensemble des espèces indigènes et des services écologiques puissent subsister aujourd’hui et prospérer à l’avenir.   

Nous reconnaissons aussi que, pour que la nature et la population prospèrent réellement à l’avenir, nous avons besoin d’adopter une approche inclusive, à l’échelle du paysage, qui tienne compte de la manière dont les collectivités dépendent de la nature, et dont les habitats et les espèces dépendent les uns des autres. De plus, nous devons continuer à créer des liens, ce qui peut parfois être difficile à faire et à entretenir. Pour y parvenir, nous devons nous responsabiliser et entamer des discussions à l’échelle collective.

Bourdon, plaine sablonneuse du sud de Norfolk, Ont. (Photo Mhairi McFarlane/CNC)

Bourdon, plaine sablonneuse du sud de Norfolk, Ont. (Photo Mhairi McFarlane/CNC)

Pour que son travail soit efficace, CNC établit de solides relations avec les personnes qui travaillent, vivent et sont au pouvoir au Canada et à l’étranger. Le rythme avec lequel les crises des changements climatiques et de la perte de biodiversité évoluent nous oblige à en faire plus, plus rapidement, et à augmenter la cadence de notre travail. Nous ne pourrons y arriver que si nous nous entourons de partenaires ambitieux. Nous savons que la nature fait partie de la solution à la plupart des plus pressants enjeux mondiaux : l’approvisionnement en eau potable, la sécurité alimentaire, la réduction du risque de phénomènes météorologiques extrêmes, le renforcement des liens sociaux et de la santé mentale, et la résolution des problèmes environnementaux. 

Alors que nous nous tournons vers l’avenir et que la conservation prend une nouvelle direction, nous devons également reconnaître que le travail de conservation mené par le Canada dans le passé a contribué à priver les communautés indigènes de leurs droits. Reconnaître ce passé et les répercussions actuelles d’une approche coloniale de la conservation nous amène à nous engager dans une nouvelle façon de définir les réussites en conservation et à adopter de meilleures pratiques d’engagement avec les communautés autochtones, en toute humilité et en faisant preuve d’ouverture d’esprit. Bien que nous ayons tout juste amorcé notre démarche de réconciliation, CNC s’engage à mettre en place des pratiques de conservation inclusives et efficaces, à favoriser l’apprentissage réciproque avec les peuples et les communautés autochtones et à collaborer en vue de générer de meilleurs résultats pour la population et la culture.

Quand je réfléchis à l’avenir de la conservation, je suis convaincue que CNC est bien placé pour contribuer à renforcer et à soutenir la capacité de la nature à résister, à se rétablir et à s’adapter aux changements.

Le parcours jalonné de succès de CNC lui permet de se démarquer dans le secteur de la conservation. CNC est un fournisseur de solutions polyvalent, qui rassemble divers individus, gouvernements, nations et communautés autochtones, municipalités et organisations pour trouver un terrain d’entente qui profitera au travail de conservation aujourd'hui et à long terme. 

Notre capacité à rassembler diverses parties prenantes et collectivités pour contribuer à la création de paysages résilients continuera à jouer un rôle vital dans la future orientation de la conservation au Canada. En tirant les leçons d’exemples mondiaux et en reconnaissant les erreurs du passé, nous pourrons contribuer aux efforts visant à lutter contre la double crise que représentent la perte de biodiversité et les changements climatiques. Le Canada peut continuer à évoluer et à renforcer son travail de conservation au profit de la population et de la nature. Car avec la nature, c’est possible.

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