Pour l'amour de nos amis à plumes
Paruline masquée (Photo Gen Pintel/CNC)
Par Gen Pintel, Spécialiste en Communication à Conservation de la nature Canada, en Ontario
Au cours des six dernières années, l’ornithologie et la photographie d’oiseaux sont devenues pour moi des moyens de me connecter à la nature. Ces loisirs me permettent aussi de tisser des liens avec d’autres personnes, en commençant par celles qui sont aussi emballées que moi lorsqu’elles croisent une paruline à gorge orangée, un oriole de Baltimore ou un grand pic (pour ne nommer que quelques espèces). C’est de cette manière que j’ai trouvé des mentors, que j’ai inspiré d’autres personnes et que certaines amitiés de longue date sont nées.
Pour nous qui accordons de l’importance à la nature et qui aimons la photographier, il est impératif de remettre en question nos pratiques et de les améliorer. Voici donc quelques-uns des points que je garde à l’esprit quand je photographie des espèces sauvages :
Paruline bleue (Photo Gen Pintel/CNC)
Faire preuve de discernement en révélant la localisation d’espèces
De nos jours, quand un oiseau rare est présent dans un environnement, il est difficile de le manquer. En effet, avec les plateformes de clavardage, comme les canaux Discord « alerte oiseaux » et les groupes dans les médias sociaux, le nombre de personnes recevant des notifications en temps réel sur la présence d’espèces rares augmente de jour en jour. En quelques secondes et par un simple clic, les espèces et leur localisation peuvent être communiquées à des centaines d’adeptes d’ornithologie répartis aux quatre coins de la planète. Dans les médias sociaux, les photos et la localisation des espèces sensibles sont aussi partagées dans des groupes Facebook de la communauté ou sur Instagram.
Ce type de réseau est très utile pour collecter des données et sensibiliser la population à la protection des espèces sauvages, y compris celles qui sont menacées à l’échelle locale. Toutefois, la popularité croissante que connaît la photographie animalière peut aussi être une cause majeure de perturbations pour les espèces qui se trouvent devant la lentille.
Garder ses distances et réduire tout bruit, surtout si une espèce niche à proximité
Bon nombre d’espèces d’oiseaux vulnérables, comme les hiboux, sont trop souvent exposés au surpeuplement (certaines personnes s’en approchent à moins de 2 mètres), aux bruits excessifs, au déplacement (le fait d’être effrayé et de quitter son perchoir) et à l’appâtage pour la prise de photos et de vidéos. Ces espèces peuvent finir par s’habituer aux humains et demeurer éveillées pendant de longues heures alors qu'elles devraient être au repos. Cela peut aussi se traduire par la perte de proies effrayées par la présence d’humains ou, inversement, rendre ces espèces vulnérables aux prédateurs. Si les oiseaux réagissent à votre approche, c’est que vous êtes trop près!
Marouette de Caroline (Photo Gen Pintel/CNC)
Éviter d’utiliser le flash, surtout pour les oiseaux nocturnes
Dans la région du Grand Toronto où je vis, certains parcs ont récemment déployé des efforts pour limiter les perturbations et encourager le respect des espèces sauvages qui dépendent de ces habitats. Des clôtures ont été installées pour empêcher les photographes de pénétrer dans les sites où se perchent les oiseaux, des panneaux indiquent comment observer la faune de manière éthique et des bénévoles ont été recrutés pour gentiment encourager les gens à laisser de l’espace aux animaux. J’ai moi-même poliment dû demander à certaines personnes de ne pas utiliser de flash la nuit, car une lumière trop intense risque d’aveugler les animaux nocturnes.
Continuer d'apprendre et de relever le défi
La photographie éthique des espèces sauvages et les principes Sans traces sont des rappels importants pour les ornithologues et les photographes, et surtout pour les personnes qui s’initient à ces loisirs.
Nous aimons tous admirer des photos et des vidéos d’animaux, mais il est important de se demander si elles ont été créées de manière éthique ou si elles ont pu avoir une incidence sur le bien-être de l’espèce qui y est en vedette.
En plus de nous permettre d’améliorer nos connaissances en matière d’intendance de l’environnement et en tant qu’adeptes de la nature, ces pratiques éthiques nous mettent au défi. Photographier des animaux sauvages est encore plus amusant et emballant quand on obtient l’image parfaite, sachant qu’aucun effort n’a été fait pour manipuler l’environnement et que tout a été fait pour que l’animal ne soit pas perturbé.
Alors que nous nous apprêtons à documenter les merveilles de la nature qui nous entoure, lors du Grand BioBlitz de CNC qui approche à grands pas (1er au 5 août), voilà certaines des pratiques à garder à l’esprit!