Mes recherches sur la chimaphile maculée
Chimaphile maculée avec marqueur numéroté (Photo de Amy Wiedenfeld/CNC)
À l’approche de l’été, j’ai hâte de retourner travailler sur le terrain. Ce travail inclut de visiter plusieurs des populations de chimaphile maculée en Ontario, dans le cadre de mes recherches doctorales soutenues par le programme de bourses de recherche en science de la conservation de la famille Weston.
La chimaphile maculée est une plante de petite taille à feuilles persistantes qui fleurit à la fin du mois de juillet. Quand je marche vers chaque site, je suis toujours heureuse de repérer ses petites fleurs blanches perchées au-dessus de ses feuilles vert foncé striées, comme si je découvrais l’objet d’une chasse au trésor. Il s’agit de l’une des plus de 75 espèces végétales en péril de l’Ontario, dont il ne reste que quelques populations qui se trouvent principalement dans les plaines sablonneuses du comté de Norfolk.
L’une des étapes de la conservation d’espèces végétales rares telles que la chimaphile maculée consiste à comprendre si les populations croissent ou diminuent, et comment l’environnement influe sur ce phénomène. Avec plus d’informations sur les conditions environnementales dont l’espèce a besoin, les efforts de conservation peuvent se concentrer sur la gestion de l’habitat dans le but d’améliorer les chances d’une population de prospérer, contribuant ainsi à la conservation globale de l’espèce.
L'auteure mesurant des stylophore à deux feuilles (Photo de Jenny McCune)
Parmi les nombreuses espèces végétales rares de l’Ontario, j’ai choisi de concentrer mes recherches sur 4 espèces de la forêt carolinienne du sud de la province : la chimaphile maculée, le stylophore à deux feuilles, l’arisème dragon et l’hydraste du Canada. J’ai choisi ces plantes à la fois parce qu’elles sont intéressantes et parce que j’ai pu obtenir des informations historiques sur chacune d’entre elles, à l’exception de l’arisème dragon. J’étudie les populations de ces espèces et les conditions environnementales qu’elles préfèrent afin de développer des connaissances utiles au travail de conservation.
Permettez-moi de vous parler de mes recherches sur la chimaphile maculée, dont six populations se trouvent sur des propriétés de Conservation de la nature Canada dans le comté de Norfolk.
Chimaphile maculée en fleurs (Photo de Amy Wiedenfeld/CNC)
Ces recherches m’ont amenée à visiter 23 populations de cette espèce en 2022 et à installer des marqueurs numérotés près de certains spécimens. J’ai pris quelques données de recensement de base pour ces plantes étiquetées, et noté si elles étaient en fleurs ou non et la longueur de leur plus longue feuille, cette mesure servant comme indicateur de leur taille. L’été dernier, j’ai recueilli les mêmes données sur les mêmes plantes. C’est passionnant de les voir croitre d’une année à l’autre.
La chimaphile maculée pousse souvent dans les plantations de pins, ce qui rend le travail sur le terrain relativement confortable, puisque le sol est couvert d’un douillet tapis d’aiguilles sur lequel on peut s’asseoir pour travailler. J’irai mesurer les mêmes plantes un été de plus pour voir comment chacune d’entre elles grandit avec le temps. Contrairement aux animaux, je n’ai pas à m’inquiéter qu’elles se déplacent, même s’il leur arrive de se cacher sous d’autres plantes. Je recueille également des informations sur l’environnement où elles poussent, afin de mieux comprendre les préférences de l’espèce en matière d’habitat. Lors de mon premier été de travail sur le terrain, j’ai recueilli des données sur l’humidité du sol et la disponibilité de la lumière dans chaque population. L’été dernier, j’ai déterminé la densité des plantes dans chaque population à l’aide d’un cerceau me permettant de délimiter une superficie donnée, et noté quelles autres espèces végétales se trouvent dans la même communauté. Cet été, j’y serai encore pour recueillir davantage de données de recensement sur les plantes afin de déterminer leur rythme de croissance depuis l’été dernier.
Après avoir collecté des données sur les mêmes spécimens pendant trois ans, je serai en mesure de créer des modèles informatiques des populations qui augmentent ou déclinent et de déterminer si l’environnement influence les tendances de ces populations. Je pourrais par exemple apprendre que la chimaphile maculée préfère un certain niveau d’ensoleillement pour que sa population se développe. Les conservationnistes pourront utiliser ces connaissances pour gérer les habitats de cette espèce pour lui permettre de prospérer et de continuer d’enjoliver les forêts et les plantations de pins du sud de l’Ontario.