Les tortues : La culture canadienne au creux d'une carapace
Tortue mouchetée (Photo de Ryan M. Bolton)
On dénombre 12 espèces de tortues au Canada. La tortue mouchetée, comme celle que je venais de rencontrer, habite le sud de l’Ontario, le Québec et les régions centre et sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Atteignant environ 25 centimètres en longueur, cette tortue de taille moyenne peut vivre plus de 75 ans à l’état sauvage. Elle est facilement reconnaissable à la couleur jaune vif de son cou et de son plastron (le dessous de la carapace), ainsi qu’à son bec incurvé vers le haut, qui lui donne un air toujours souriant.
Tortue peinte Midland (Photo de CNC)
La tortue peinte, quant à elle, tire son nom de sa carapace vert olive, parsemée de touches de rouge, d’orange et de jaune. Cette espèce comprend 4 sous-espèces, soit la tortue peinte de l’Est, la tortue peinte du Centre, la tortue peinte de l’Ouest et la tortue peinte du Sud. Seules les trois premières se trouvent au Canada. Très répandue en Amérique du Nord, la tortue peinte a une aire de répartition qui s’étend de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, au Canada.
Tortue serpentine (Photo de CNC)
Mesurant seulement 10 à 15 centimètres de longueur, la tortue peinte paraît minuscule en comparaison avec sa cousine, la tortue serpentine, la plus grande tortue d’eau douce du Canada (elle peut atteindre jusqu’à 45 centimètres). En raison de la dégradation de son habitat et des activités humaines, la tortue serpentine est désignée comme une espèce préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
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Les tortues dans la culture des Premières Nations
Au Canada, la tortue a une signification culturelle d’une force comparable à la carapace que porte l’animal sur son dos. En effet, dans certains mythes des Premières Nations, cette solide coquille représente les fondations sur lesquelles a été bâtie la terre.
Selon un mythe autochtone de la création, dit du Plongeur terrestre, le Grand Esprit aurait plongé, ou ordonné aux animaux de plonger, afin de rapporter du fond de l’eau de la boue avec laquelle il façonna la Terre. Dans certaines versions du mythe, la Terre aurait été créée sur le dos d’une tortue, d’où le surnom d’« Île-Tortue » parfois donné à l’Amérique du Nord par les peuples autochtones.
Les quatre éléments – Eau (The Four Elements – Water); sérigraphie, Mark Anthony Jacobson (Courtoisie de l’artiste)
La tortue dans l’art autochtone canadien
La nature a beaucoup influencé l’art des Premières Nations, dont la tortue est un élément clé.
Mark Anthony Jackson utilise son art pour sensibiliser le public à la faune du Canada. Dans son œuvre intitulée The Four Elements – Water (« Les quatre éléments – L’eau »), une tortue parée de ce même cou jaune, que j’avais aperçu en ce dimanche matin maussade, dépeint la synergie profonde liant l’animal à nos terres.
L’artiste Norval Morrisseau, membre des Premières Nations, dépeint le mythe du Plongeur terrestre dans sa peinture Turtle Island (« l’Île-Tortue »). Il a aussi représenté la tortue dans plusieurs de ses œuvres, comme Androgyny (« Androgynie »), qui fut exposée à Rideau Hall.
Comment CNC protège l’habitat des tortues
Les tortues influencent encore aujourd’hui notre vision du territoire. Au Québec, CNC pose des gestes pour assurer la protection de l’habitat de la tortue géographique sur l’archipel d’Hochelaga. L’équipe élabore actuellement un plan de conservation comportant des recommandations claires, afin de limiter une baisse dans les populations d’espèces comme la tortue géographique.
Dans la vallée de l’Outaouais, CNC encourage les citoyens à signaler toute observation de tortues mouchetées et à les aider à traverser les routes passantes sans encombre.
En Nouvelle-Écosse, le personnel de CNC a mené des inventaires de tortues pour suivre l’évolution des populations. Sur la rivière Silver, des clôtures à tortues ont été installées par des Bénévoles pour la conservation afin d’assurer des lieux de nidification sécuritaires aux tortues serpentines.
Pour son influence profonde sur la culture canadienne et sa présence partout au pays, cette espèce mérite bien une journée consacrée en son honneur pour prendre sa place au soleil.