Plus qu’une bourse : une occasion d’apprendre, de grandir et de créer des liens 28 octobre 2025
Doctorante à l’Université du Manitoba et titulaire d’une bourse en science de la conservation de la famille Weston auprès de Conservation de la nature Canada (CNC), j’étudie comment la gestion du territoire peut permettre de préserver et de restaurer les habitats de prairies abritant l’hespérie de Poweshiek et l’hespérie du Dakota, deux espèces de papillons en voie de disparition dont la taille ne dépasse pas celle d’une pièce de un dollar.
Cet été, j’ai été très heureuse de présenter mes recherches à des étudiants de l’Université du Manitoba lors d’une visite de la réserve naturelle des prairies à herbes hautes au Manitoba. Il s’agit de l’une des dernières parcelles de prairie à herbes hautes indigènes qui subsistent au Canada et l’un des sites où je mène mes recherches.Pendant la visite, on m’a posé une question à laquelle je ne m’attendais pas. Un étudiant m’a demandé quelle influence le programme de bourses avait eue sur moi. J’ai répondu un peu automatiquement, mais au fond de moi, je savais que je ma réponse était incomplète. Cette question a continué à m’habiter.

La réponse courte est que ce programme a changé ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel.
Tout a commencé en 2022. Alors que ma famille et moi étions en train d’organiser un souper spécial pour célébrer mon anniversaire, j’ai reçu un courriel de CNC. Sous le choc, j’ai lu à haute voix que j’avais été sélectionné pour la prochaine étape du processus de recrutement et que j’étais conviée à un entretien avec des membres du personnel de CNC et un professeur responsable de ma supervision. Nous nous sommes tous pris dans les bras pendant que des larmes de joie coulaient sur mes joues.
Bien que les détails de l’entretien me paraissent flous aujourd’hui, je me souviens très clairement de m’être vu à l’écran avec l’équipe. Après avoir travaillé plusieurs années sur le terrain dans le cadre de projets liés aux papillons et à la conservation au Mexique et au Canada, j’ai immédiatement été attirée par un projet de doctorat visant à améliorer l’habitat de ces espèces menacées. L’idée de contribuer à ce travail était très enthousiasmante. Mon cœur battait à toute vitesse et je me suis dit que je voulais vraiment faire partie de cette initiative.
Trois ans après avoir commencé mon doctorat, je regarde en arrière et je constate que deux grands facteurs m’ont guidé dans mon parcours.

Je n’étais pas seulement enthousiaste à l’idée de commencer un nouveau projet et de travailler dans une magnifique prairie. J’étais aussi emballée de me joindre à une grande équipe internationale avec qui je partageais un amour et un respect profonds pour la nature. L’hespérie de Poweshiek et l’hespérie du Dakota comptaient autrefois parmi les papillons les plus communs des prairies du nord. Le déclin important de leur population en raison de la perte de leur habitat, à savoir plus de 95 % et 74 % des deux zones où ces espèces vivaient autrefois ont aujourd'hui été converties à d’autres usages, alarme les universitaires, les organismes à but non lucratif, les gouvernements et bien d’autres parties prenantes. Une vaste initiative collaborative entre le Canada et les États-Unis vise à sauver ces petits papillons de l’extinction. Se faire le porte-parole des papillons en voie de disparition et travailler en étroite collaboration pour prévenir leur extinction au-delà des frontières a été une expérience inoubliable.

Bien sûr, faire un doctorat, c’est aussi relever des défis, comme suivre des cours difficiles et passer un examen de qualification aux enjeux élevés. C’est une véritable montagne russe d’émotions et cela demande énormément de travail, et ce, pendant de nombreuses années. Ce qui me motive, c’est la communauté formée par les titulaires de bourses. Bien que nous étudions dans différentes universités et que nous menions des recherches sur des sujets variés, nous sommes unis par un objectif commun et une culture unique axée sur la croissance, le soutien et les connexions. Le développement du leadership en est la pierre angulaire. Au moyen d’ateliers, de webinaires et d’une inspirante réunion annuellenous apprenons auprès de professionnel(le)s de la conservation et renforçons nos compétences dans divers domaines, allant des communications et des médias à la définition d’objectifs en passant par la rédaction scientifique. Chaque réunion nous permet d’en apprendre davantage sur le travail de conservation mené par CNC dans différentes régions du Canada : Kenauk, au Québec, en 2023; le comté de Norfolk, en Ontario, en 2024; et le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard cette année. Je constate par moi-même que la collaboration, la persévérance et la résilience sont à l’origine de changements positifs.
Aujourd’hui, si on me demandait quelle influence a eu le programme de bourses sur moi, ma réponse serait très claire. Cette étincelle qui s’est allumée en moi pendant mon entretien est maintenant ce qui guide mon travail. Bien plus qu’une simple expérience universitaire, ce programme de bourse a renforcé ma confiance, m’a permis d’acquérir des compétences et m’a fait découvrir une communauté dynamique. J’apprends de mes pairs et je considère les leaders en conservation non seulement comme des mentors, mais aussi comme des vecteurs de transformation. Avant tout, j’ai appris que tout était possible quand les gens unissent leurs forces avec détermination, passion et bienveillance.