Une conversation mondiale sur la conservation
Réserve naturelle des Montagnes-Vertes (Photo de Don et Karol Dabbs)
Conservation de la nature Canada (CNC) s'est récemment entretenu avec M. Olaf Jensen sur la situation actuelle en conservation au Canada ainsi que sur les défis, les opportunités, ainsi que les perspectives mondiales quant à la sauvegarde de la nature. M. Jensen est le directeur du Programme des aires protégées au Service canadien de la faune à Environnement et Changement climatique Canada. Découvrez son expérience et son point de vue sur la conservation au pays :
CNC : Pourquoi le Canada occupe-t-il une place centrale dans la discussion mondiale sur la conservation?
Olaf Jensen (OJ) : Le fait d'être un vaste pays nous confère une certaine importance à l'échelle mondiale. Selon moi, le fait d'être une nation développée qui a les moyens d'investir dans la conservation de la nature signifie aussi que nous sommes, par nécessité, un acteur important.
Au cours des dix dernières années, le Canada a fait preuve d'un grand leadership, soulignant son important rôle dans ce domaine, en particulier dans les aires protégées et plus largement dans le cadre mondial pour la biodiversité.
Nous avons les moyens de faire du travail de conservation de manière significative et de démontrer un leadership mondial dans ce domaine.
CNC : Qu'est-ce qui rend les organismes de conservation canadiens uniques?
OJ : CNC et le reste de la communauté qui se consacre à la conservation jouent un rôle considérable dans les aires naturelles menacées par le développement. Ces aires sont aussi très importantes pour la population canadienne, tant du point de vue de la conservation de la nature que de l'accès aux activités de plein air.
À l’échelle nationale, CNC est l'un des deux leaders dans ce domaine. Son travail est particulièrement important, étant donné qu'environ 10 % du territoire canadien, qui est constitué de terres privéesabritent les plus fortes concentrations de biodiversité au Canada. Ces terres sont menacées par le développement.
CNC : Comment l’approche du Canada a-t-elle évolué par rapport à la conservation?
OJ : J'ai commencé à travailler à plein temps dans le domaine de la conservation en 1996, comme gardien de parc au sein du Service des parcs nationaux. Auparavant, j'étais impliqué dans des organisations environnementales locales. Dans les années 1990, en Saskatchewan où j'ai grandi, la majorité des actions associées à la conservation [p. ex., la création de parcs et d’aires protégées] étaient menées par les gouvernements et, même alors, cette approche était assez inégalitaire. Le changement ne pourrait pas être plus spectaculaire qu'il ne l'a été au cours des 30 dernières années. Nous sommes aujourd'hui dans une situation où personne ne parle de conservation sans mentionner l’engagement des communautés locales et sans s'engager sincèrement dans le processus de réconciliation, là où c'est possible et là où cela a du sens. Voilà une évolution majeure et significative.
CNC : Quels sont les défis à relever pour assurer le succès des efforts de conservation?
OJ : Nous devons vraiment promouvoir la conservation des terres privées. Il y a beaucoup d'excellents projets réalisés au Canada, et ce, depuis près d'un demi-siècle, comme les investissements réalisés dans le cadre du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine, du Programme de conservation du patrimoine naturel, du Programme d'intendance de l'habitat et de bien d'autres encore.
Quand nous travaillons en tant que professionnels de la conservation et que nous planifions la création d’aires protéger [nous prenons en compte] leur connectivité pour la conservation de la biodiversité, ou même pour les loisirs et pour relier les sentiers..
Sans ces aires protégées, nous ne pouvons pas effectuer le type de travail nécessaire à la planification systématique de la conservation. Nous devons mettre en lumière l'excellent travail des organismes de conservation et faire en sorte que les terres qu’ils protègent soient répertoriées pour que les professionnels de la conservation puissent s’en inspirent et que le public puisse les voir.
De plus, alors que nous nous engageons dans la réconciliation, que nous répondons aux besoins importants de la population en matière de liens avec la nature et de loisirs, il est important que les agences de conservation, y compris nous-mêmes, ne perdions pas de vue l'objectif ultime de la conservation; nous établissons des aires protégées d'abord.
CNC : Que pouvons-nous apprendre des autres professionnels de la conservation à l’échelle mondiale?
OJ : Le Canada peut, par exemple, apprendre autant du Cameroun que le Cameroun peut apprendre du Canada. Nous pouvons aussi apprendre beaucoup de l'Union européenne et de la manière dont elle aborde les aires protégées, le cadre politique qu'elle met en place autour de ces territoires et les investissements qu'elle y accorde.
Je pense que la plus grande valeur des congrès internationaux est leur côté humain. Nous sommes tous dans le même bateau et nous pouvons apprendre les uns des autres.
CNC : Que pouvons-nous apprendre des partenaires autochtones dans notre travail de conservation?
Les peuples autochtones et les communautés locales sont étroitement liés aux espaces naturels que la communauté de la conservation souhaite protéger. Nous pouvons apprendre beaucoup sur la valeur écologique et culturelle de ces zones si nous prenons le temps d'écouter.
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