Restauration d'écosystèmes
Champ cultivé redevenu milieu humide, Cherry Meadows, C.-B. (Photo de CNC)
La viabilité des écosystèmes est vitale autant pour notre santé que pour celle de la planète. C’est pourquoi les scientifiques nous invitent de plus en plus à repenser notre relation avec la nature. Les écosystèmes viables ne se limitent pas aux végétaux et aux animaux, mais aussi à ce qui se trouve sous nos pieds : le sol et les bactéries. Des aliments qui garnissent nos assiettes à la qualité de notre santé mentale et physique, la nature nous fournit une myriade de services essentiels et largement sous-estimés. Elle est aussi l'une des solutions les plus efficaces à la double crise que représentent les changements climatiques et la perte de biodiversité. Pourtant, les humains ont à ce jour altéré 77 % des écosystèmes terrestres (en excluant l'Antarctique) et 87 % des océans à l'échelle mondiale.
La valeur de la restauration d'habitats
Les écosystèmes viables présentent de nombreux avantages et rendent des services essentiels que nous risquons de ne pas remarquer
- Les milieux humides filtrent l'eau
- Les habitats en santé réduisent la pollution de l’air
- Les milieux humides et les forêts peuvent retenir les eaux de crue
- Les forêts, les prairies et les tourbières séquestrent le carbone
- La nature est source de sécurité alimentaire et de subsistance pour de nombreuses personnes
La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) est un appel lancé au monde entier pour « prévenir, arrêter et inverser la dégradation des écosystèmes sur tous les continents et dans tous les océans. » Le Canada ne fait pas exception à cet appel à l'action, puisqu'il abrite 25 % des milieux humides de la planète et 0,1 % des prairies à herbes hautes qui subsistent à l'échelle mondiale. En restaurant les écosystèmes dans notre pays, nous contribuerons grandement à mettre fin à la crise de la biodiversité, à atteindre les objectifs climatiques mondiaux et à améliorer notre bien-être.
À Conservation de la nature Canada (CNC), nous conservons la biodiversité en faisant l'acquisition de milieux naturels importants et en les protégeant. Mais en raison de la dégradation des habitats, CNC doit souvent restaurer les écosystèmes dans les milieux naturels où il œuvre. La restauration d’écosystèmes peut inclure la toujours très populaire plantation d'arbres, mais il existe bien d'autres activités essentielles à la restauration d’écosystèmes dégradés.
Exemples de projets de restauration (texte en français)
- Restaurer des terres agricoles en hautes terres/milieux humides ou des forêts en prairies ouvertes
- Réintroduire des espèces
Exemples de projets de restauration (en anglais)
- Planter des arbres, des fleurs sauvages et des graminées indigènes
- Effectuer des brûlages dirigés
- Restaurer des terres agricoles en hautes terres/milieux humides ou des forêts en prairies ouvertes
- Restoring Ontario’s deep south on Pelee Island, Ontario
- A customized pond for turtles and fish in Quebec
- Restoring an open landscape on Kootenay River Ranch, BC
- Retirer des espèces envahissantes
- Démanteler des barrages pour assurer la connectivité des rivières
- Ramasser des détritus le long d'une rivière ou d'une côte
- Restaurer des rivages dégradés
Cliquer sur chaque photos pour en savoir plus sur les retombées positives du travail de restauration sur certaines propriétés de CNC (traduction en cours)
Améliorer la connectivité des habitats
La restauration stratégique des habitats peut accroître la connectivité entre les zones protégées isolées, et ainsi permettre aux animaux de se déplacer et aux végétaux de se disperser dans le paysage. La restauration d’habitats le long d'un corridor écologique permet aux animaux à grand domaine vital de se déplacer en toute sécurité entre les habitats pour se reproduire, se nourrir ou trouver un abri. Par exemple, l’isthme de Chignectou permet aux orignaux de se déplacer du Nouveau-Brunswick, où leur population est florissante, vers la Nouvelle-Écosse, où l’espèce est en péril.
Rebâtir l’environnement
Brûlages dirigés, Réserve naturelle de chênes de Garry de Cowichan, C.-B. (Photo de Pete Laing)
Aider les espèces indigènes à retourner sur le territoire, tout en éradiquant les espèces non indigènes et envahissantes, est un autre aspect de la restauration. Le Canada abrite environ 80 000 espèces répertoriées, dont un peu plus de 300 qui ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Dans la plupart des études, on relève que les animaux préfèrent les végétaux indigènes, c'est-à-dire ceux qui se trouvent naturellement dans la région où ils ont évolué. Une étude a aussi révélé que, en raison de cette préférence, les plantes indigènes abritaient plus d'espèces que les non indigènes. D'autre part, les espèces envahissantes l'emportent sur les espèces indigènes, en modifiant les habitats naturels et, ultimement, en compromettant les fonctions des écosystèmes. L'élimination des espèces envahissantes non indigènes est une composante essentielle de la reconstruction de l'environnement naturel.
S'adapter aux changements climatiques
En restaurant les habitats dégradés, nous ne protégeons pas seulement la biodiversité, nous renforçons également la résilience face aux changements climatiques. Nous assistons déjà à la manifestation de plusieurs impacts des changements climatiques, y compris des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus intenses et fréquents qui entraînent des inondations et des sécheresses, l'élévation du niveau des mers, l'augmentation de l'intensité des feux de forêt et un changement dans la répartition des espèces. Mais face au réchauffement climatique, le fait de restaurer la nature peut contribuer à rafraîchir l'air pendant les canicules, puisque les arbres fournissent de l'ombre et de l’humidité (phénomène de transpiration).
Animation - Données sur la températures et la végétation sur une période de 10 ans (Image de Jonas Hamberg)
Restaurer, mais pour revenir à quoi?
Carte des communautés végétales identifiées sur une propriété de CNC (Carte de CNC)
Qui dit protection des terres dit énorme responsabilité. Même les écosystèmes dominés par des végétaux indigènes peuvent avoir besoin d'être restaurés. Afin de restaurer un habitat, nous devons savoir à quoi il ressemblait avant sa dégradation ou son altération. Les conservationnistes utilisent de nombreux outils pour orienter leur travail, tels que l'imagerie aérienne, l'échantillonnage du sol, la réalisation de relevés de base, l'utilisation d'un système de cartographie d'informations géographiques et des documents historiques.
Cependant, il n'est pas toujours possible de savoir à quoi ressemblait un milieu à une époque précise. Et bien souvent, les habitats ont changé plusieurs fois au cours des 10 000 dernières années, en raison de changements naturels ou de leur gestion par les peuples autochtones. Dans de nombreux cas, les conservationnistes abordent la restauration en se posant des questions qui peuvent guider leurs décisions, par exemple
- Comment pouvons-nous mieux aider les espèces qui ont le plus besoin de notre aide?
- De combien d'hectares contigus de quelles canopée ou structure végétale l'oiseau le plus rare de notre région a-t-il besoin?
- De quelles plantes hôtes ce papillon rare a-t-il besoin pour pondre ses œufs avec succès?
À travers le pays, CNC utilise des méthodes et des techniques traditionnelles de conservation, comme le brûlage dirigé d’habitats de prairie, pour restaurer des milieux naturels et favoriser la croissance et le retour d’espèces indigènes. Cliquez sur cette carte pour voir les projets actifs de CNC à travers le pays qui comprennent des activités de restauration dans leur plan de gestion. En travaillant avec les peuples autochtones, CNC a pu adopter des méthodes traditionnelles pour prendre soin du territoire. Pour en savoir plus sur comment nous travaillons avec les Autochtones sur le territoire, cliquez ici >.
Liens d'intérêt (en anglais)