Dire les choses telles qu’elles sont
Aerin Jacob, directrice de la science et de la recherche à CNC (Photo d'Albert Law)
Aerin Jacob se souvient très bien du chant du plongeon huard et du crissement des feuilles sous ses pieds, alors qu’elle marchait dans la forêt autour d’un petit lac.
Pendant sa jeunesse, elle et sa famille ont habité dans différentes régions du pays et à l’étranger. Peu importe où elle se trouvait, Aerin a toujours adoré passer beaucoup de temps à explorer la nature. « Un sujet de discussion courant dans ma famille était notre responsabilité envers les autres êtres vivants », se souvient-elle. « Nous parlions aussi de la façon de laisser les choses en meilleur état que nous les trouvions. »
En septembre 2022, après 6 ans au sein de l’équipe de la Yellowstone to Yukon Initiative, Aerin s’est jointe à Conservation de la nature Canada (CNC) à titre de directrice de la science et de la recherche. Ayant conçu et dirigé des recherches qui ont mené à plus de 50 articles scientifiques, rapports techniques et chapitres de livres, elle dispose d’une vaste expérience sur laquelle s’appuyer. En plus d’être professeure associée, elle a fait partie de nombreux panels et comités, et a reçu des bourses et des distinctions pour ses travaux en conservation.
Aerin joue un rôle de leader en encourageant une approche scientifique de la conservation, en menant des recherches et en collaborant avec plus de 150 partenaires de recherche de partout au pays. À CNC, elle supervise le programme de bourses de recherche en science de la conservation de la famille Weston, qui s’adresse aux étudiant(e)s de maîtrise et de doctorat qui effectuent des recherches sur les priorités définies par l’organisme, telles que les espèces en péril, la connectivité écologique et les espèces envahissantes.
« Le programme de bourses est passionnant et important », déclare-t-elle. « Il est très stimulant de travailler avec des jeunes qui apportent de nouvelles idées et forment la prochaine génération de leaders de la conservation. Les priorités établies par CNC contribuent à assurer la qualité des travaux de conservation, pas seulement leur quantité. Il faut veiller à mener les bons projets aux bons endroits et à mesurer nos succès et nos échecs au fil du temps. Nous devons nous efforcer de constamment nous dépasser. »
Dans son travail, Aerin Jacob doit s’assurer d’avoir une vue d’ensemble. Elle souligne l’importance d’évaluer les solutions aux multiples menaces qui pèsent sur la nature, ainsi que les effets individuels et cumulatifs de chacune d’entre elles. « Il faut se concentrer sur les menaces les plus importantes et proposer des solutions audacieuses; il ne faut pas se contenter de demi-mesures », ajoute-t-elle.
La communication des connaissances scientifiques est une pièce importante du casse-tête, selon Erin Jacob. Bien qu’elle n’ait pas toujours été à l’aise de parler en public, elle a toujours perçu cette partie de son travail comme étant un moyen efficace de mobiliser plus largement la recherche. D’ailleurs, des entretiens avec les médias ainsi que des présentations publiques l’ont tenue occupée lors de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, qui a eu lieu à Montréal en 2022. Elle confie que sa participation à la conférence l’a inspirée : « Il était important que le Canada passe de la parole aux actes en ce qui concerne les projets de conservation ambitieux et la réconciliation. Par exemple, le gouvernement y a annoncé un financement accru et un soutien actif du travail mené par les Autochtones. »
Selon Aerin, on accorde de plus en plus d’importance aux connaissances autochtones. « C’est un changement important et nécessaire », déclare-t-elle. « Des preuves tout aussi valables sont issues des savoirs scientifiques et autochtones. Nous devons considérer et mettre à profit ces deux systèmes de connaissance. À cet égard, les scientifiques doivent faire preuve d’humilité. Il faut être ouvert à l’expertise de personnes qui ont été formées de manière différente. »
Enfant, elle pensait à son avenir en s’imaginant exercer diverses professions, notamment celle de vétérinaire et de journaliste. Elle fait remarquer que le service à la communauté et à l’environnement a toujours fait partie de ses aspirations. En riant, elle admet également qu’elle était une enfant très curieuse de nature.
« La petite Aerin aurait probablement été très heureuse de savoir qu’il existe des carrières dans lesquelles on peut nourrir à la fois son intérêt pour les animaux, le plein air et sa soif d’apprendre », assure Aerin Jacob. « Ne cachez pas votre enthousiasme, et utilisez vos talents pour aider les autres. »
Cet article est tiré du numéro Printemps 2023 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.