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Faucon des prairies (Photo Leta Pezderic/CNC)

Faucon des prairies (Photo Leta Pezderic/CNC)

Les rapaces du ranch McIntyre

Les prairies du McIntyre Ranch constituent un habitat idéal pour de nombreux oiseaux de proie.
Buse rouilleuse (Photo Leta Pezderic/CNC)

Buse rouilleuse (Photo Leta Pezderic/CNC)

Niché dans les prairies du sud de l’Alberta, le ranch McIntyre abrite un remarquable éventail de rapaces. De l’aigle royal majestueux au rapide faucon des prairies, cette région regorge d’une grande diversité aviaire. Le ranch, qui constitue un habitat vital pour ces rapaces, est une véritable oasis de ressources et de sites de nidification au sein d’un vaste paysage de prairies.

La diversité des rapaces présents sur le territoire du ranch donne lieu à d’époustouflants spectacles.

« Un jour, alors que j’étais dans un champ et que j’observais deux ou trois aigles dans le ciel, une buse à queue rousse est arrivée, puis un faucon des prairies et une buse rouilleuse. C’est beaucoup d’espèces différentes dans un même espace aérien », raconte Leta Pezderic, responsable de l’intendance des Prairies en Alberta à Conservation de la nature Canada (CNC).

Ces dernières années, Leta a consacré ses efforts à la conservation du ranch McIntyre. Photographe animalière passionnée, elle a immortalisé un grand nombre de ces remarquables animaux, tout en admirant leur puissance et leur beauté.

Le refuge d’une grande buse

L’un des rapaces les plus impressionnants observés au ranch McIntyre, et que Leta préfère photographier, est la buse rouilleuse, une espèce menacée au Canada.

Oisillons de buse rouilleuse (Photo de Leta Pezderic/CNC)

Oisillons de buse rouilleuse (Photo de Leta Pezderic/CNC)

En Alberta, ses populations sont en déclin, ce qui les rend vulnérables à diverses menaces. Au nombre des défis auxquels est confrontée cette buse, la plus grande du Canada, on compte la perte d’habitat, l’exposition aux pesticides et les perturbations pendant la période de nidification. Des efforts concertés sont cependant déployés pour conserver et restaurer des habitats de nidification qui lui conviennent, plus particulièrement les milieux de prairies, qui lui sont vitaux.

Même si leurs populations sont en déclin, il est tout simplement extraordinaire de pouvoir encore observer autant de buses rouilleuses au ranch McIntyre, affirme Leta.

« En visitant le ranch McIntyre, on a le sentiment qu’il est impossible que la buse rouilleuse soit menacée, puisqu’elle semble si abondante, explique Leta. C’est parce qu’elle dispose de cette petite oasis d’habitats qu’elle prospère ici. »

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Des sites de nidification par-ci, par-là

L’une des raisons pour lesquelles le ranch McIntyre abrite une telle diversité de rapaces, y compris l’aigle royal, la buse de Swainson, le hibou des marais, le faucon des prairies et le busard Saint-Martin, réside dans la grande variété de sites de nidification qu’il offre, notamment de magnifiques falaises de grès et quelques rares peupliers.

Les rapaces des prairies font preuve d'une remarquable capacité d’adaptation en ce qui concerne le choix de leur site de nidification. Selon leurs besoins spécifiques et de la disponibilité d’emplacements adéquats, ces oiseaux disposent d’un éventail de possibilités de nidification.

Grand-duc d'Amérique juvenile (Photo Leta Pezderic/CNC)

Grand-duc d'Amérique juvenile (Photo Leta Pezderic/CNC)

Certains rapaces des prairies construisent leur nid au pied des herbes hautes, tandis que d’autres préfèrent s'installer en hauteur, sur des arbres, des falaises ou des structures artificielles, comme les poteaux électriques, les hangars et les abris pour vaches. Les rapaces qui nichent au sol creusent souvent des dépressions peu profondes, ce qui leur permet de se camoufler et de protéger leurs œufs et leurs petits. Les rapaces qui s’installent en hauteur bénéficient pour leur part d’une visibilité accrue et d’une protection renforcée contre les prédateurs terrestres.

Les buses rouilleuses sont l’une des espèces les plus polyvalentes. Beaucoup d’entre elles nichent au sol, mais d’autres construisent de grands nids de branchages sur des falaises, dans des arbres voire des arbustes, ce qui peut être cocasse à observer, affirme Leta.

« Parfois, on peut les voir construire leur imposant nid dans un tout petit arbuste, ce qui le rend plutôt instable. C’est assez drôle à voir », dit-elle.

Les rapaces se livrent à une féroce compétition pour les sites de nidification. Par exemple, un nid situé dans un bosquet de peupliers plantés au ranch McIntyre était autrefois occupé par un couple de buses rouilleuses, mais un couple de pygargues à tête blanche s’en est aujourd’hui emparé.

« Au printemps, une féroce lutte pour la conquête du nid a toujours lieu », affirme Leta.

Comme le nombre de sites de nidification à la disposition des buses rouilleuses peut être limité, des organismes de conservation comme CNC apportent parfois leur aide en installant des plates-formes de nidification artificielles sur des poteaux pour leur permettre de bâtir leur nid.

Les multiples stratégies de nidification employées par les rapaces des prairies témoignent de leur capacité à s’adapter à différents habitats et à maximiser leurs chances de se reproduire avec succès au sein d’un paysage de prairies vaste et dynamique.

De la nourriture à volonté

Le spermophile de Richardson, une espèce méconnue, mais pourtant vitale au sein de l’écosystème des prairies, joue un rôle essentiel dans la survie des populations de rapaces du ranch McIntyre. Bien que certaines personne le considèrent comme un animal nuisible, il est en réalité une espèce clé des prairies.

En effet, ce petit rongeur fouisseur est une importante source de nourriture pour les oiseaux et les mammifères, et contribue au réseau complexe de la vie qui prospère dans les prairies. Il alimente un grand nombre de prédateurs, y compris des rapaces, des coyotes, des blaireaux, des serpents et des renards.

Spermophile de Richardson (Photo Leta Pezderic/CNC)

Spermophile de Richardson (Photo Leta Pezderic/CNC)

Le spermophile de Richardson est originaire du nord des Grandes Plaines et on le trouve principalement dans des milieux de prairies indigènes. Il est donc tout à fait logique que là où l’on trouve des prairies indigènes, on puisse y trouver le spermophile de Richardson, et que là où l’on trouve ce rongeur, des oiseaux de proie soient aussi présents.

« Quand on emprunte l’autoroute en direction du ranch, on voit surtout des terres cultivées et très peu de spermophiles ou de rapaces, explique Leta. Puis, soudainement, en arrivant à la frontière du ranch, les choses changent du tout au tout. On trouve une abondance de ces petits rongeurs et on commence à voir des aigles et des buses sur pratiquement un poteau électrique sur deux le long de l’autoroute. »

Au-delà du rôle qu’ils jouent dans le réseau alimentaire, les spermophiles de Richardson exercent aussi une influence sur les communautés végétales en se nourrissant de manière sélective de graines, de bulbes et de pousses de plantes, ce qui a pour effet de modifier la composition et la répartition de la flore. Leurs terriers fournissent également abri et habitat à d’autres espèces, comme des insectes et des serpents, ce qui renforce davantage l’ensemble de la biodiversité du ranch.

Toutefois, lorsque leur population devient trop nombreuse, ces animaux peuvent aussi poser des problèmes. Heureusement, la présence de rapaces à proximité permet de contrôler leur nombre. Un couple nicheur de buse rouilleuse et sa progéniture peuvent par exemple consommer jusqu’à 500 spermophiles au cours d’une saison.

« Quand nous proposons à un ou une propriétaire d’installer un perchoir pour accueillir le nid d’une buse rouilleuse, nous insistons sur les avantages de la présence de ces oiseaux sur ses terres. Elles contribueront à limiter le nombre de spermophiles de manière naturelle en évitant d’avoir recours à d’autres méthodes de contrôle plus courantes, comme le poison, qui peuvent avoir un effet néfaste sur l’ensemble des espèces faisant partie de cette chaîne alimentaire », explique Leta.

Conservation d’un paradis pour les rapaces

Le ranch McIntyre témoigne des rapports délicats qui existent entre les rapaces, leurs préférences en matière de nidification et le rôle vital des spermophiles dans l’écosystème des prairies. Grâce à leur engagement en faveur de la conservation et de la protection des habitats naturels, les propriétaires du ranch ont créé un havre de paix pour les rapaces, leur permettant de prospérer avec les prairies de l’Alberta comme toile de fond. Maintenant que le ranch McIntyre est conservé à perpétuité, ces rapaces y trouveront refuge pour toujours.

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