Protection de l’habitat de l’emblématique chevêche des terriers dans le sud du Manitoba
Un organisme de conservation des milieux naturels protège la propriété d’une famille qui se passionne pour les oiseaux de prairie
Aussi petite qu’une cannette de boisson gazeuse et aussi vorace qu’un tyrannosaure, la chevêche des terriers compte parmi les espèces les plus menacées du Canada. Fort heureusement, cette chouette dispose dorénavant d’encore plus d’habitats naturels protégés dans le sud du Manitoba.
Dans le cadre d’une annonce faite aujourd’hui à Melita, capitale manitobaine des oiseaux de prairies, Conservation de la nature Canada (CNC) a lancé son plan visant à protéger plus de 500 hectares de prairies indigènes et d’habitats humides dans deux nouvelles zones de conservation près des localités de Broomhill et de Sifton. En raison de la perte importante et rapide d’habitats dans la région, ces terres font désormais partie des derniers bastions de prairies mixtes indigènes de la province, un écosystème essentiel pour de nombreuses espèces en péril, notamment la chevêche des terriers (en voie de disparition).
Le projet Jackson Pipestone Prairie and Wetlands couvre près de 520 hectares de prairies indigènes et de milieux humides, ainsi que le ruisseau Jackson et sa zone inondable. Outre celui de la chevêche des terriers, les chants du bruant à ventre noir (menacé), du goglu des prés (menacé) et du bruant de Baird (espèce préoccupante) forment un véritable chœur, ce qui démontre bien l’importance du site pour la biodiversité de la région.
Une partie de l’aire conservée se trouve dans une zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO), reconnue à l’échelle internationale, et se compose de pâturages durables où vivent des oiseaux de milieux humides tels que le phalarope à bec étroit (espèce préoccupante), le petit chevalier, le bihoreau gris, le cygne siffleur et même la chevêche des terriers.
Il faut chaudement remercier les anciens propriétaires de ce territoire pour la grande diversité d’oiseaux et d’espèces de prairies que l’on y observe aujourd’hui. La famille Gervin participe en effet au rétablissement de la chevêche des terriers depuis les années 1980. De plus, elle collabore avec l’équipe du Programme de rétablissement de la chevêche des terriers du Manitoba depuis sa création en 2010, afin de protéger sur ses propriétés l’habitat de cet oiseau en voie de disparition et de soutenir sa réintroduction. En 2019, la famille a d’ailleurs reçu le Prairie Conservation Award for Manitoba, en reconnaissance de son dévouement envers la gestion des terres. Maintenant sous l’intendance de CNC, le site témoignera pour toujours de l’amour de la famille pour la terre.
En travaillant en partenariat pour soutenir les pratiques de gestion durable, comme le pâturage qui a lieu dans les prairies et les milieux humides de Jackson Pipestone, CNC contribue à protéger la biodiversité. L’organisme travaille en effet avec les éleveurs et éleveuses dont le bétail broute les prairies et les aide à prospérer, tout en favorisant la solidité du secteur agricole.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan d’action pour la conservation des Prairies de CNC, qui vise la conservation de plus de 500 000 hectares d’ici 2030 (soit 6 fois la superficie de Calgary), ce qui équivaut à ce qui sera perdu si rien n’est fait maintenant pour protéger les prairies restantes. CNC a déjà recueilli près de 90 % des fonds nécessaires pour préserver et gérer pour toujours ces terres importantes sur le plan écologique situées dans le sud du Manitoba. Pour en savoir plus sur la façon dont vous pouvez agir pour protéger les prairies emblématiques du Canada, visitez la page Conservation des prairies.
Ces projets de conservation ont été financés par des populations locales et de généreuses entreprises. Le Fonds de la nature et le Fonds des solutions climatiques axées sur la nature d’Environnement et Changement climatique Canada ont versé un soutien supplémentaire, et le Fish and Wildlife Service des États-Unis a également apporté des contributions.
Faits saillants
- La population de chevêches des terriers des Prairies canadiennes a chuté de plus de 96 % depuis 1987, selon le programme de rétablissement de la chevêche des terriers du Manitoba.
- Une chevêche des terriers adulte peut manger 1 800 rongeurs et 7 000 insectes en un seul été.
- Le secteur agricole dépend des pollinisateurs sauvages, puisqu’ils produisent des avantages nutritionnels et économiques pour la population. Les milieux de prairies fournissent des sites de nidification, des refuges et de la nourriture à une communauté diversifiée de pollinisateurs sauvages.
- Lancé en juin, le Plan d’action pour la conservation des Prairies de CNC est une campagne nationale de 500 millions de dollars visant à préserver 500 000 hectares d’ici la fin de 2030. On estime que 82 % des prairies indigènes ont disparu au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta.
- Les vastes et profonds réseaux racinaires des milieux de prairies stockent de grandes quantités de carbone dans le sol. Ces racines contribuent également à maintenir le sol en place, ce qui permet aux prairies de recueillir et de conserver l’humidité. Pendant les pluies ou la fonte des neiges, l’eau est collectée et stockée par les racines, puis absorbée par le sol, au lieu de s’écouler rapidement dans les lacs et les rivières et d’entraîner des dégâts attribuables à l’érosion.
- La protection des systèmes de prairies intacts permet de conserver les réserves de carbone dans le sol, plutôt que le CO2 soit libéré dans l’atmosphère. Puisqu’il est sous terre, ce carbone est protégé contre les feux de surface (contrairement au carbone des forêts) et est moins rejeté dans l’atmosphère. En stockant et en séquestrant le carbone, les prairies contribuent également aux efforts déployés par le Canada pour réduire les effets des changements climatiques.
Citations
« On estime que 90 % des prairies indigènes ont déjà disparu au Manitoba, ce qui constitue une préoccupation réelle et urgente pour les espèces, les collectivités, les agriculteurs, les éleveurs et les peuples autochtones qui en dépendent. Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont rendu possibles ces deux importants projets de conservation. En travaillant ensemble, nous pouvons protéger les joyaux naturels du Manitoba et maintenir des milieux de vie sains pour la faune, la flore et les gens. »
– Josh Dillabough, directeur des aires naturelles, CNC au Manitoba
« La chevêche des terriers dépend des initiatives de conservation. Le Programme de rétablissement de la chevêche des terriers du Manitoba travaille avec la famille Gervin et CNC depuis 2010 pour réintroduire l’espèce sur ces terres. Plus récemment, nous avons observé des chevêches sauvages de retour dans la région. Elles utilisent les terriers artificiels que notre programme a installés pour assurer une protection supplémentaire à cette espèce nicheuse. Sans le soutien de gens et d’organismes comme les Gervin et CNC qui travaillent à protéger des lieux comme les prairies de Jackson Pipestone pour la chevêche des terriers, cette dernière disparaîtra du Manitoba. »
– Alexandra Froese, fondatrice et directrice générale, Programme de rétablissement de la chevêche des terriers du Manitoba
« Les Manitobains connaissent très bien la beauté et la valeur des prairies mixtes indigènes qui constituent certains des paysages les plus emblématiques de la province. En partenariat avec Conservation de la nature Canada, notre gouvernement aide à protéger ces paysages, qui jouent un rôle essentiel dans le rétablissement des espèces en péril, notamment celui de la petite et puissante Chevêche des terriers, qui a élu domicile dans ces habitats. Ces investissements s’inscrivent dans le cadre de notre campagne nationale de conservation visant à protéger 25 p. 100 des terres et des eaux au Canada d’ici 2025, en vue d’atteindre 30 p. 100 d’ici 2030. La protection de la nature permet de remédier à la perte dramatique de biodiversité, de séquestrer du carbone (contribuant ainsi à la lutte contre les changements climatiques) et de préserver notre environnement de la pollution. »
– L’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Gouvernement du Canada
À propos
Conservation de la nature Canada (CNC) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la conservation permanente de vastes territoires, nous apportons des solutions à la double crise du déclin rapide de la biodiversité et des changements climatiques. Partenaire de confiance, CNC œuvre aux côtés de particuliers, de collectivités, d’entreprises et de gouvernements afin de protéger et veiller sur nos aires naturelles les plus importantes. Depuis 1962, nous avons mobilisé la population canadienne pour conserver et restaurer plus de 15 millions d’hectares.
Administré par Environnement et Changement climatique Canada, le Fonds des solutions climatiques axées sur la nature (FSCAN) du Canada est un fonds de 1,4 milliard de dollars répartis sur dix ans (2021-2031) qui vise à soutenir la conservation, la restauration et la gestion améliorée des écosystèmes tels que les milieux humides, les forêts et les prairies afin d’être en mesure de s’attaquer à la double crise des changements climatiques et de la perte de biodiversité. Le FSCAN se concentrera sur trois grands objectifs : 1) conserver les écosystèmes riches en carbone qui risquent fortement d’être convertis à d’autres usages qui libéreraient le carbone stocké; 2) améliorer les pratiques de gestion des terres afin de réduire les effets des émissions de gaz à effet de serre sur les écosystèmes du Canada; 3) restaurer les écosystèmes dégradés. Dans l’ensemble, ces projets contribueront à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’augmentation de la séquestration du carbone, tout en offrant des bienfaits pour la biodiversité et le bien-être humain.
Le Fonds de la nature du Canada soutient la protection de la biodiversité au Canada par la création d’aires protégées et de conservation et par des initiatives qui favorisent le rétablissement des espèces en péril. Le financement qu’il offre est accessible aux organismes à but non lucratif et aux organisations autochtones, provinces, territoires et autres parties prenantes.
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