La jeunesse néo-écossaise à la réserve naturelle Boar’s Head
Élèves ramassant des débris marins, Boar's Head, N.-É. (Photo de CNC)
À l’extrémité ouest de la Nouvelle-Écosse se trouve la bien nommée île de Long Island. Avec ses 15 kilomètres de longueur et seulement 5 kilomètres de largeur, cette étroite bande de terre est entourée de toutes parts par les eaux de la baie de Fundy et leurs célèbres marées. À l’extrémité nord-ouest de l’île, près de Tiverton, se trouve la réserve naturelle Boar’s Head.
Le 9 juin 2023, 13 personnes se sont rendues sur ses berges pour participer à une corvée de nettoyage de débris marins, dont 7 enthousiastes élèves de 10e année de l’Islands Consolidated School et leur enseignante, Rayanne Amirault. Faisant partie d’un programme d’apprentissage communautaire, ces jeunes et leur professeure avaient déjà participé à plusieurs activités du genre dans leurs collectivités.
Quatre membres du personnel de Conservation de la nature Canada (CNC) étaient également de la partie. C’est sous un épais brouillard que Samantha Ceci, biologiste en conservation à CNC, et les stagiaires Jill Ramsay, Matt Nettle et Erin Cooper atteint la réserve naturelle Boar’s Head. Comme par miracle, les nuages ont fait place au soleil et le brouillard s’est dissipé dès l’arrivée des élèves, offrant au groupe une vue imprenable sur la baie de Fundy.
« On aurait dit que la météo s’était mise de notre côté pour nous encourager », se remémore Jill. Et ce n’était qu’un début.
Matt Nettle, Roger Outhouse, Jill Ramsay, et Erin Cooper (Photo de CNC)
Pour une deuxième année, le nettoyage de Boar’s Head était organisé par Roger Outhouse, un ancien enseignant de l’Islands Consolidated School. Ayant passé toute sa vie à Long Island, Roger a acquis au fil des ans des connaissances pratiques sur ce territoire et sur les eaux dans lequel il baigne. Avec enthousiasme, il aime partager ses connaissances avec d’autres, en particulier avec les jeunes qui, plus tard, veilleront à leur tour sur l’île qu’il chérit tant.
Avant de devenir enseignant, Roger a été pêcheur. Il a expliqué au groupe que cette corvée était non seulement importante parce qu’elle contribuait à la protection de la nature, mais aussi parce qu’elle aidait les collectivités locales à prospérer. En effet, la pêche est l’une des principales industries du coin, et plusieurs gens de la région dépendent d’un environnement marin propre et sain pour assurer la stabilité de leurs carrières.
Un jour, quand Roger travaillait encore comme pêcheur, une grande quantité de pommes de terre excédentaires se sont retrouvées dans les eaux près de Long Island. Après cet incident, il a pendant longtemps continué à retirer des pommes de terre de l’eau. Comme il l’a expliqué au groupe, même si la plupart des gens ne considèrent pas les pommes de terre comme des déchets, elles n’ont pas plus leur place dans l’océan que le plastique!
Au cours de la matinée, le groupe a passé 3 heures à ramasser des débris le long du rivage rocheux. Après avoir parcouru 500 mètres, 19 sacs à ordures extra larges ont été remplis. Un gros pneu et une énorme bouée qui ont dû être ramenés séparément figuraient aussi au nombre de leurs trouvailles.
Le paysage était composé d’une dense forêt de conifères poussant le long du rivage rocheux, où se dressait le phare de Boar's Head, en bordure des falaises abruptes. Selon Matt, la roche basaltique gris-vert foncé du rivage était très différente de celles de granit auxquelles il a été habitué en grandissant à Halifax. Cette roche, avec ses filons de dépôts minéraux rappelant l’apparence de veines, était un rappel de la magnifique diversité du littoral de la Nouvelle-Écosse.
Quartz et agate, Réserve naturelle Boar's Head, N.-É. (Photo de CNC)
Marcher le long des côtes rocheuses en transportant de lourds sacs de déchets était loin d’être une tâche facile, mais les élèves ont fait preuve de prudence et ont veillé à leur sécurité et celle de leurs camarades. La communication était au rendez-vous dans le groupe! En effet, les jeunes n’hésitaient à faire savoir qu’une pause était nécessaire et offraient leur aide pour donner la chance aux autres de reprendre leur souffle. Ils ont aussi eu l’idée d’attacher ensemble plusieurs bouées pour les traîner plutôt que de les porter séparément. Plus que quiconque, les élèves ont compris la nécessité de travailler ensemble pour mener à bien leur mission.
Après une matinée de dur labeur, le groupe est allé dîner dans une pub du coin, ouvert spécialement pour eux. Dans un coin, plusieurs élèves ont trouvé des instruments de musique et se sont fait un plaisir de faire profiter de leurs talents au reste du groupe. L’enthousiasme des jeunes tout au long de la journée a prouvé à Erin que ce nettoyage était pour eux bien plus qu’une simple tâche à accomplir. « On ne fait pas que donner un coup de main à l’environnement, on s’amuse aussi », dit Erin.
Les stagiaires de CNC s’entendent pour dire que partager un moment musical autour d’un bon repas avec les élèves a contribué à rendre cette expérience encore plus personnelle. CNC dépend en grande partie de l’appui de bénévoles pour mener à bien ses efforts de conservation. C’est pourquoi des activités comme celle-ci ne sont rendues possibles que grâce à l’appui de personnes passionnées et dévouées vivant dans la région, comme ces élèves d’ailleurs. Ces jeunes sont une véritable lueur d’espoir pour l’avenir de leur collectivité.