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Brûlage dirigé, Turkey Point Company, Long Point, Ont. (Photo de CNC)

Brûlage dirigé, Turkey Point Company, Long Point, Ont. (Photo de CNC)

Lutter contre le roseau commun (phragmite), la pire espèce envahissante de l’Ontario

Hélicoptère survolant du roseau commun envahissant, Long Point, Ont. (Photo de CNC)

Hélicoptère survolant du roseau commun envahissant, Long Point, Ont. (Photo de CNC)

Le roseau commun, aussi connu sous le nom de phragmite, est une espèce envahissante originaire d’Eurasie, qui se répand rapidement en Amérique du Nord. Cette plante de taille imposante, trouvée principalement dans les milieux humides, envahit ce type d’habitat et étouffe les autres formes de vie. Elle supplante également les végétaux indigènes des milieux humides, ce qui prive les grenouilles et les tortues d’un habitat essentiel, en plus de bloquer la vue et l’accès au rivage.

Une fois la plante introduite dans une région, ses racines se déploient en profondeur sous les milieux humides en un vaste réseau de rhizomes. De plus, ses graines sont facilement dispersées par le vent, ce qui lui permet d’envahir d’autres habitats.

Comment reconnaître le roseau commun?

Bien qu’il pousse principalement dans les milieux humides, on peut aussi le trouver dans les fossés en bordure de route, sur les plages ou encore sur les dunes. Il peut être difficile de le distinguer de son homologue indigène, car ils partagent des caractéristiques et un habitat similaires.

Roseau envahissant :

    Gauche : tige de roseau commun envahissant. Droite : tige de roseau commun indigène (Photo de Great Lakes Phragmites Collaborative)

    Gauche : tige de roseau commun envahissant. Droite : tige de roseau commun indigène (Photo de Great Lakes Phragmites Collaborative)

  • pousse dans des peuplements qui peuvent être extrêmement denses et compter jusqu’à 200 tiges par mètre carré.
  • est si dense qu’il évince d’autres espèces.
  • peut atteindre une hauteur de 6 mètres.
  • est très répandu dans les fossés en bordure de route.
  • a des tiges de couleur fauve ou beige, des feuilles bleu-vert et de denses porte-graines de grande taille.

Roseau indigène :

  • pousse dans des peuplements qui ne sont généralement pas aussi denses que la variété envahissante; il est peu probable de le trouver dans des fossés en bordure de route.
  • ses peuplements bien établis sont fréquemment mélangés avec d’autres espèces végétales.
  • a généralement des tiges plutôt brun rougeâtre, des feuilles jaune-vert et des porte-graines plus petits et plus épars.

Que fait CNC pour lutter contre cette espèce?

En 2017, Conservation de la nature Canada (CNC) a embauché son tout premier directeur de programmes en matière d’espèces envahissantes pour la région de l’Ontario. Cela a permis à CNC d’accélérer considérablement la lutte contre la propagation de ce que l’on qualifie de pire plante envahissante au Canada, en utilisant une variété impressionnante d’outils et de techniques.

Sud-ouest de l’Ontario

Dans le cadre d’une initiative conjointe avec le ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, CNC lutte contre cette espèce envahissante exotique dans les milieux humides du lac Érié, dans la région de Long Point. Sur ces sites, qui abritaient autrefois d’innombrables espèces de sauvagines, d’espèces en péril et d’autres végétaux et animaux dépendant des milieux humides, l’infestation est si avancée que la seule méthode permettant de restaurer avec succès cet habitat endommagé consiste à utiliser un herbicide importé des États-Unis et approuvé par Santé Canada et l’EPA.

Marsh master et hélicoptère, Long Point, Ont. (Photo de Giles Restoration Services Inc.)

Marsh master et hélicoptère, Long Point, Ont. (Photo de Giles Restoration Services Inc.)

Étroitement contrôlé et surveillé par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada et le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario, ce traitement est utilisé dans les situations d’urgence où les roseaux communs ont tellement modifié l’environnement que pratiquement plus rien ne peut y subsister. Des programmes similaires ont été mis en oeuvre sur la rive américaine des Grands Lacs et ont connu un succès retentissant. Une surveillance approfondie des populations de végétaux, d’animaux et d’insectes, ainsi que des tests de qualité de l’eau sont effectués avant et après l’utilisation du produit afin de veiller à ce que l’environnement et l’approvisionnement en eau ne présentent aucun danger.

De 2016 à 2022, plus de 1 900 hectares ont été traités à l'aide d’un hélicoptère et d’un marsh master (un véhicule amphibie qui permet d’accéder aux zones infestées). Ce fut une tâche monumentale, accompagnée de défis en matière d’équipement, de conditions de travail difficiles et d’une quantité de roseaux communs à traiter bien plus importante que prévu. Heureusement, les nouvelles sont bonnes. En effet, les premiers relevés aériens révèlent déjà une nette amélioration, puisque les habitats en eau libre sont plus nombreux et qu’on y trouve beaucoup moins de roseaux communs.Une fois le traitement effectué, il faut souvent couper, rouler et/ou brûler les tiges mortes encore debout pour permettre aux espèces végétales indigènes de se rétablir. Au besoin, les plants ayant survécu seront traités à nouveau.

Autres régions à risque

En Ontario, la propagation du roseau commun a augmenté de près de 30 % entre 2010 et 2017. La progression constante de l’espèce a pratiquement touché l’ensemble des régions de la province.

CNC continue de lutter contre le roseau commun, non seulement dans la région de Long Point, mais aussi dans les milieux humides de Minesing près de Barrie, à l’île Pelee sur le lac Érié, dans la péninsule Saugeen Bruce et l’archipel de l’île Manitoulin sur le lac Huron.

En établissant des partenariats à l’échelle locale avec d’autres organismes et en faisant appel à des bénévoles par l’intermédiaire du programme Bénévoles pour la conservation de CNC, la lutte contre le roseau commun peut être menée sur tous les fronts.

Dans l’aire naturelle des milieux humides de Minesing, CNC a collaboré avec la Nottawasaga Valley Conservation Authority (NVCA) pour lutter contre les populations de roseaux communs envahissants présents sur les terres privées et de conservation et en bordure des routes. Ainsi, en 2017, plus de 20 000 mètres carrés de roseau commun ont été contrôlés en bordure de 160 kilomètres de route ainsi qu’au sein de 8 peuplements situés sur des terres de conservation et des terres privées. Un peuplement d’environ 0,4 hectare situé sur une terre de conservation appartenant à la NVCA a également été contrôlé avec succès. En juin 2018, des bénévoles y ont planté des végétaux et des arbustes adaptés aux milieux humides afin d’établir une couverture naturelle et de décourager les espèces envahissantes de réintégrer le site.

Sur l’île Pelée, CNC a réussi à éradiquer une population sur 800 mètres de long sur la rive de son site de conservation de Middle Point. Sur la péninsule Saugeen Bruce, CNC collabore depuis plusieurs années avec des organisations locales et des gouvernements pour y assurer la gestion de cette espèce envahissante. La cartographie, la surveillance, le retrait de plants et l’utilisation d’herbicides font partie des moyens utilisés pour lutter contre cette vilaine espèce envahissante sur les terres de CNC.

Un travail d'équipe

Le roseau commun est une menace environnementale si importante qu’aucune organisation ne peut espérer relever à elle seule ce défi. Une multitude d’organismes de conservation, de fiducies foncières, de gouvernements et de partenaires financiers se sont donc réunis pour aider CNC à lutter contre cette espèce sur nos terres et au-delà, y compris :

Roseaux communs, Ont. (Photo de Giles Restoration Services Inc.)

Roseaux communs, Ont. (Photo de Giles Restoration Services Inc.)

  • Bruce Power
  • Ontario Power Generation
  • Manitoulin Transport
  • Habitat faunique Canada
  • Nottawasaga Valley Conservation Authority
  • Environnement et Changement climatique Canada
  • Ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario
  • Bruce Peninsula Biosphere Association
  • Parc national de la Péninsule-Bruce
  • Saugeen Ojibway Nation
  • Canards Illimités Canada
  • Long Point Company
  • Turkey Point Company
  • Bayou Club
  • et plusieurs autres propriétaires fonciers, groupes et organisations de la région.

Ce que vous pouvez faire

Nous pouvons tous contribuer pour remporter la lutte contre les espèces envahissantes exotiques. Voici quelques façons d’aider :

  • Il est recommandé de faire appel à des spécialistes. La méthode la plus efficace est une combinaison en trois étapes de pulvérisation d’herbicide, de fauchage et de brûlage dirigé, qui se répète pendant trois ans ou jusqu’à ce que la parcelle soit éradiquée.
  • Débarrassez-vous de vos résidus de jardin de manière appropriée. Jeter des résidus de jardin dans des milieux naturels peut entraîner l’introduction d’espèces envahissantes exotiques qui prospéreront et se propageront. Même les tas de feuilles peuvent être problématiques, car leur déversement peut étouffer la végétation indigène. Contactez votre municipalité pour savoir comment éliminer correctement les résidus de jardin.
  • Plantez des espèces indigènes chez vous! De nombreuses espèces indigènes magnifiques attirent les papillons et les oiseaux indigènes, et peuvent faire de votre jardin ou de votre espace vert un endroit encore plu joli. Les espèces indigènes sont également adaptées à notre climat et leur entretien est souvent moins exigeant que celui des espèces exotiques.
  • Signalez la présence d’espèces végétales envahissantes en utilisant l’application mobile iNaturalist. La détection précoce de ces invasions est essentielle pour les éradiquer.Nettoyez vos chaussures ou les pneus de votre vélo lorsque vous vous déplacez entre des sentiers désignés situés dans différents secteurs. Les végétaux envahissants sont souvent disséminés accidentellement à partir de graines coincées dans les semelles ou les roues de vélo.

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