Des pomiculteurs et pomicultrices qui font la différence à Covey Hill
Des aménagements pour la biodiversité… et les pommes !
Les salamandres et les oiseaux champêtres du Haut-Saint-Laurent ont désormais des agriculteurs et agricultrices comme alliés. Grâce à des outils novateurs, des producteurs fruitiers sont en effet maintenant aptes à aménager leurs terres en faveur de la biodiversité et de leurs propres productions.
La région de Covey Hill abrite trois espèces de salamandres en situation précaire, dont la seule occurrence québécoise de salamandre sombre des montagnes. La salamandre pourpre et la salamandre sombre du Nord fréquentent aussi les ruisseaux de cette colline. On y retrouve également des espèces d’oiseaux champêtres en situation précaire comme le goglu des prés et la sturnelle des prés. Ainsi, la région revêt une importance particulière et le travail que Conservation de la nature Canada (CNC) y accomplit en collaboration avec des producteurs est essentiel pour diminuer les impacts de la pomiculture sur ces espèces en danger.
CNC a travaillé avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et des agronomes actives auprès des pomiculteurs et pomicultrices de Covey Hill pour créer une boîte à outils. Celle-ci présente des options de pratiques agroenvironnementales à mettre en place dans un verger. Des aménagements floristiques (haie brise-vent, îlots fleuris, bandes riveraines) et fauniques (nichoirs à oiseaux, dortoirs à chauves-souris) sont proposés.
L’outil de valorisation Biodiversité aux champs est également présenté aux personnes intéressées. Celui-ci a pour but de reconnaître les actions prises par les pomiculteurs et pomicultrices pour la biodiversité, encourager les autres producteurs à adopter de meilleures pratiques, et en parallèle faire rayonner les entreprises participantes.
Une meilleure biodiversité au verger permet d’attirer des insectes prédateurs et parasitoïdes des ravageurs, ainsi que des insectivores comme la paruline à ailes dorées, une espèce d’oiseau menacée au Québec. Rappelons que les insectivores participent au contrôle biologique des ravageurs des cultures et réduisent le besoin en pesticides. Les pollinisateurs sont également attirés sur le territoire et profitent aux pommiers en fleuraison. Tous les aménagements proposés visent à permettre une meilleure résilience du verger face aux perturbations comme la présence de ravageurs et les changements climatiques.
L’objectif ultime de CNC est de pérenniser les efforts en mettant en place des mesures de conservation à perpétuité qui bénéficient avant tout à la biodiversité, mais aussi à l’agriculture. CNC est apte à proposer des outils de conservation personnalisés aux producteurs et productrices qui désirent protéger les milieux naturels sur leurs terres.
Faits saillants
- CNC a recruté cinq producteurs dans ce projet. Chez trois d’entre eux, des aménagements au verger favorisant neuf espèces en situation précaire ont été mis en place jusqu’à maintenant. Les Vergers du Château Albert ont d’ailleurs reçu en 2023 la certification niveau or dans le cadre de Biodiversité aux champs.
- Les salamandres des ruisseaux, dont les trois espèces trouvées à Covey Hill, sont dépourvues de poumons et respirent par la peau. Ces salamandres requièrent un habitat frais, non pollué et humide pour survivre. Ces espèces sont particulièrement sensibles aux perturbations du régime hydrique et sont donc de bonnes indicatrices de la santé d’un milieu naturel.
- On retrouve aussi au mont Covey Hill plusieurs autres espèces en situation précaire, dont des insectivores aériens (petite chauve-souris brune, engoulevent bois-pourri), la salamandre à quatre orteils et la couleuvre tachetée.
Citations
« Grâce à la collaboration établie avec les pomiculteurs et pomicultrices de Covey Hill, nous créons des vergers plus résilients et respectueux de l’environnement. Nous sommes fiers de participer, ensemble, au maintien d’un milieu favorable aux espèces vulnérables. »
- Chantal Cloutier, chargée de projets chez Conservation de la nature Canada
« Les pomiculteurs de la région du Haut-Saint-Laurent, au Québec, sont devenus des partenaires essentiels dans la protection des salamandres et des oiseaux champêtres. Grâce à des outils novateurs développés par Conservation de la nature Canada avec le soutien de l'initiative des lieux prioritaires pour les espèces en péril, ces producteurs sont maintenant en mesure d'enrichir leurs terres d'une manière qui profite à la fois à la biodiversité et à la production agricole. Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre de l'Approche pancanadienne pour la transformation de la conservation des espèces en péril au Canada, fait progresser la planification et l’application des mesures de conservation, ainsi que l'engagement des partenaires et parties prenantes. »
- L’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique
Remerciements
Conservation de la nature Canada remercie le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds de la nature du Canada, le gouvernement du Québec par l’intermédiaire du projet Accélérer la conservation dans le sud du Québec et la Fondation de la faune du Québec par l’intermédiaire du programme Faune en danger. CNC remercie également les Vergers du Château Albert, les Vergers Leahy, les Vergers Écologiques Philion et les Vergers Pomibec inc. Enfin, nous aimerions reconnaître l’implication du MAPAQ, des agronomes Lauréline Boyer, Andréa Schroeder et Vicky Filion, de Pleine Terre, de Gestrie-Sol et du Club Producteurs Sud-Ouest (CPSO).
À propos
Conservation de la nature Canada (CNC) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la conservation permanente de vastes territoires, CNC apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la biodiversité et des changements climatiques. Partenaire de confiance, CNC œuvre aux côtés de particuliers, de communautés, d’entreprises et de gouvernements afin de protéger et veiller sur nos aires naturelles les plus importantes. Depuis 1962, CNC a mobilisé la population canadienne pour conserver et restaurer plus de 15 millions d’hectares. Au Québec, CNC s’allie régulièrement avec Conservation de la nature Québec (CNQ), un organisme à but non lucratif distinct de CNC, pour protéger les milieux naturels québécois les plus riches. Ensemble, ces deux entités ont protégé plus de 55 000 hectares de milieux naturels dans la province.
Le Fonds de la nature du Canada permet de réaliser d’importants investissements ciblés et de renforcer les partenariats afin d’améliorer la protection et le rétablissement d’un grand nombre d’espèces en péril partout au pays, comme convenu dans l’Approche pancanadienne pour la transformation de la conservation des espèces en péril au Canada. Les lieux prioritaires pour les espèces en péril sont des zones de grande valeur pour la biodiversité et qui sont considérées, par les gens qui y vivent et y travaillent, comme des endroits distincts avec un thème écologique commun. Ces lieux ont une biodiversité importante, des concentrations d’espèces en péril et offrent des possibilités de faire progresser les efforts de conservation. Se concentrer sur ces zones nous permet de conserver et de restaurer des habitats qui profitent à plusieurs espèces à la fois.
La Fondation de la faune du Québec a pour mission de promouvoir la conservation et la mise en valeur de la faune et de ses habitats. C’est grâce à la contribution de plus d’un million de chasseurs, de pêcheurs et de trappeurs du Québec, de milliers de donateurs et de nombreuses entreprises privées que la Fondation soutient depuis 1987 plus de 2 000 organismes partout au Québec.
Le projet Accélérer la conservation dans le sud du Québec (ACSQ) est un accord de cofinancement établi entre le gouvernement du Québec et Conservation de la nature Canada (CNC) et dont bénéficient les organismes de conservation du Québec. Il vise la protection et la conservation de milieux naturels d’intérêt écologique par le biais, notamment, de l’acquisition de territoires privés à des fins d’aires protégées et conservées et d’établissement de corridors écologiques. L’ACSQ favorisera ainsi le développement et la bonne gestion du réseau d’aires protégées en terres privées de même que l’accès à la nature pour la population. Les 144 millions de dollars sur cinq ans investis dans l’ACSQ par le gouvernement du Québec doivent être jumelés, par CNC et ses partenaires, à d’autres fonds ne provenant pas du gouvernement du Québec.
Le MAPAQ a la responsabilité du secteur bioalimentaire qui couvre l’ensemble des activités liées à l’agriculture, aux pêches et à l’aquaculture commerciales, à la transformation et aux commerces de l’alimentation. Les services alimentaires destinés au réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des marchés institutionnels privé et public font aussi partie de ce secteur. Il exerce une surveillance de toute la chaîne alimentaire aux fins de la protection de la santé publique, de même que de l’amélioration de la santé et du bien-être des animaux.
Gestrie-Sol est un club conseil en agroenvironnement offrant une multitude de services ayant développé une expertise en biodiversité. Ils sont avant tout une source de services-conseils professionnels visant à améliorer la performance environnementale et économique de leurs clients.
Le Club Producteurs Sud-Ouest est une association d’une vingtaine de producteurs qui offre des services-conseils principalement dans le domaine de la pomiculture.
Pleine Terre est une équipe multidisciplinaire qui allie plusieurs expertises et qui œuvre en complémentarité dans les domaines de l’agriculture, du génie agroenvironnemental et rural, de la biologie, de la pédologie et de la gestion de l’eau et du territoire. Elle possède la capacité de gérer des enjeux environnementaux en vue d’assurer la réalisation de projets dans une perspective de développement durable.
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