Île aux Grues - Combattre une plante envahissante : le phragmite
Bâches recouvrant les colonies de phragmite dans le haut marais de l’île aux Grues (Photo de DanielTphoto)
Située au cœur du fleuve Saint-Laurent, l’île aux Grues se trouve à environ 80 km à l’est de la ville de Québec. Reconnue comme un haut lieu de biodiversité au Québec, plus de 200 espèces d’oiseaux y nichent ou utilisent ses habitats lors des migrations. L’île aux Grues est reliée à sa voisine, l’île aux Oies, par une batture : le haut marais. Parmi la myriade d’oiseaux qui y évoluent, on compte entre autres : le goglu des prés (espèce menacée au Canada) et le hibou des marais (espèce préoccupante au Canada et susceptible d'être désignée menacée ou vulnérable au Québec).
CNC protège 170 hectares sur l’île aux Grues, dont la réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle. Même si ces terres sont protégées, elles demeurent sensibles à certaines menaces. Dans le haut marais, on observe plus particulièrement la présence marquée d’une plante exotique envahissante (PEE) : le phragmite. Aussi appelée roseau commun, cette plante introduite d’Europe et d’Asie dégrade la qualité des milieux humides privant les animaux de leurs habitats et délogeant les autres espèces végétales.
Un travail colossal
Intervenir sur ce milieu était nécessaire puisque cet envahisseur redoutable devenait une menace pour les nombreuses espèces animales et végétales qu’il abrite. Après de premiers essais réalisés entre 2015 et 2017, CNC a lancé, en 2019, un projet d’envergure visant le contrôle du phragmite dans ce milieu exceptionnel.
L’équipe pose les bâches à l’aide d’un tracteur (Photo de CNC)
La première étape sur le terrain a été complétée à l’automne 2020 en appliquant deux méthodes privilégiées : la fauche répétée et le bâchage qui, combinés, maximisent les chances de freiner la population de phragmite du haut marais. Dans la mesure du possible, l’expertise locale a été privilégiée par la création des partenariats avec des entreprises et des fournisseurs de la région. Une bonne façon de tisser des liens avec la communauté locale! Après une première fauche des colonies ciblées, l’équipe de CNC et ses partenaires ont recouvert l’ensemble des superficies de grandes toiles de géotextile qui seront laissées en place pour plusieurs années. Un travail titanesque pour cette équipe dévouée!
Des défis et des victoires
Voilà un projet qui n’est pas sans défis. À cause des inondations provoquées par les hautes marées du fleuve, les périodes durant lesquelles le haut marais est accessible sont limitées. Étant donné la fragilité de cet écosystème, désigné « Aire de concentration d’oiseaux aquatiques » par le gouvernement du Québec, l’équipe a dû prendre des mesures pour minimiser l’impact de la machinerie sur les oiseaux nicheurs et sur le sol. C’est pourquoi l’automne a été ciblé comme période idéale pour la réalisation des travaux. L’équipe se heurtait alors à d’autres difficultés telles que le vent et le gel, ce qui a compliqué la pose des immenses bâches! À cela s’ajoute la période de chasse aux oiseaux migrateurs, activité très prisée dans la région.
Un membre d’équipe examine une bâche (Photo de CNC)
Ce travail acharné s’est échelonné sur plusieurs années afin de recouvrir une superficie totale de 2 hectares! Une fois l’installation terminée, un suivi et des entretiens réguliers sont prévus pour les prochaines années. La fauche a aussi eu lieu sur 2 hectares, pour un projet de contrôle totalisant 4 hectares. Lors du retrait des bâches, prévu pour débuter en 2025, des semences indigènes seront dispersées sur ces sols afin de repeupler le haut marais d’une riche biodiversité.
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Participation
Ce projet a bénéficié de fonds accordés par le gouvernement du Canada au Programme d’intendance de l’habitat et au au programme sur les Lieux prioritaires du Fonds de la nature du Canada, ainsi que des fonds accordés par le gouvernement du Québec à la Fondation de la faune du Québec pour son Programme pour la lutte contre les plantes exotiques envahissantes et au Projet de partenariat pour les milieux naturels de CNC, pour lequel CNC a reçu une aide financière de plus de 53 M$ du gouvernement du Québec.